publique sans stéréotype
de sexe
Guide
pratique
Pour une communication
publique sans stéréotype
de sexe
Guide
pratique
La
documentation Française
Ouvrage
publié avec le soutien du ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits
des femmes.
En
application de la loi du 11 mars 1957 (art. 41) et du Code de la propriété
intellectuelle du 1er juillet 1992, complétés par la loi du 3 janvier 1995,
toute reproduction partielle ou totale à usage collectif de la présente
publication est strictement interdite sans autorisation expresse de l’éditeur.
Il est rappelé à cet égard que l’usage abusif et collectif de la photocopie met
en danger l’équilibre économique des circuits du livre.
©
Direction de l’information légale et administrative, Paris 2016 ISBN :
978-2-11-145137-7
LE
HAUT CONSEIL À L’ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES
Le
Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et leshommes (HCE) est l’institution
nationale consultative indépendante chargée de la protection des droits
desfemmes et de la promotion de l’éga- lité dessexes. Créé en 2013, le HCE
estcomposé de 72 membres représentant la diversité des acteurs et actrices des
politiques d’égalité femmes-hommes. Le HCE apporte son expertise aux pouvoirs
publics et mobilise la société à partir de son travail de concertation,
d’évaluation des politiques publiques, de for- mulation de recommandations, et
d’animation du débat public.
AVANT-PROPOS
Danielle
BOUSQUET Présidente du HCE
Gaëlle
ABILY Rapporteure
«
Discours, colloques, affiches, vidéos, sites web, textes offi- ciels,
nominations des équipements et des rues : la commu- nication des pouvoirs
publics, qu’elle soit interne ou externe, prend des formes très diverses. Sans
une vigilance continue, les stéréotypes de sexe sont reproduits, parfois de
manière inconsciente. Leur présence se manifeste par trois aspects. D’abord, un
fort déséquilibre entre le nombre de femmes et le nombre d’hommes représenté.e.s.
Ensuite, un enfermement des femmes et des hommes dans un répertoire restreint
de rôles et de situations, limitant de fait leurs possibilités d’être et
d’agir. Enfin, une hiérarchisation desstatuts et des fonctions de chaque sexe
au détriment des femmes.
Orces
représentations auxquelles lescitoyen.ne.s sontconstam- ment exposé.e.s
renforcent les stéréotypes de sexe et les iné- galités entre les femmes et les
hommes. Pour renverser cette tendance, l’État et les collectivités
territoriales se doivent d’être exemplaires, notamment via l’utilisation de
l’argent public des- tiné à la communication.
Pour
ce faire, ce guide est un véritable outil à votre disposition. Il s’inscrit
dans la poursuite du Rapport relatif à la lutte contre les stéréotypes de sexe
du Haut Conseil à l’Égalité.
10 recommandations pratiques ont été co-construites pour
communiquer sans stéréotypes. Nous remercions les linguistes, les
professionnel.le.s de la communication, les fonctionnaires et toutes celles et
ceux, dont les membres du HCE, qui y ont contribué.
Lapremière
édition dece guide, parue ennovembre 2015, a rem- porté un franc succès auprès
des acteur.rice.s de la communi- cation institutionnelle, et des lecteur.rice.s
curieux et curieuses de la démarche de communication égalitaire. La Convention
d’engagement pour une communication publique sans stéréo- type de sexe a depuis
été adoptée par le Conseil économique,
6 social et environnemental, l’ÉNA, le
ministère de la Justice, le
Centre national de la fonction publique
territoriale, des collecti- vités territoriales de tous niveaux et des
universités…
Pour
répondre àcet engouement, le guide estaujourd’hui réédité par la Documentation
française. Vous tenez entre vos mains une version enrichie par les remarques
des usager.ère.s et lecteur.rice.s, que nous remercions de leur intérêt et de
leur investissement pour que la démarche de communication éga- litaire soit
demain la règle.
Nous
savons pouvoir compter sur vous pour utiliser et diffuser ce guide en interne
comme à vos prestataires extérieurs afin qu’il devienne un outil de référence.
Le faire vivre, c’est faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une
réalité pour toutes et tous !
PRÉFACE
Laurence
ROSSIGNOL
Ministre
des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes
La
langue est un héritage mais aussi une matière vivante, qui doit s’adapter aux
évolutions sociales. Dans un pays où l’éga- lité entre les femmes et les hommes
est inscrite dans la Consti- tution, la langue ne peut rester un domaine où
serait encore admise et revendiquée l’expression de la prétendue supériorité
d’un sexe sur un autre. Ne pas pouvoir nommer le féminin, ou le faire
disparaître dans un genre prétendument indifférencié, c’est organiser
l’invisibilité donc l’absence des femmes dans la sphère publique.
Il
en va de même pour les images qui, plus que jamais, peuplent nos quotidiens, au
travers de publicités, de campagnes et d’ou- vrages. Trop souvent encore, les
images enferment les femmes dans des rôles sociaux ancestraux, lesplacentdans
des situations dégradantes, ouneles représentent tout simplement peuoupas.
Avec
ce guide, le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmeset les hommes, soutenu
par le Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, engage
une dynamique constructive : celle de faire de la communication un vecteur de
changement de notre société, et non pas de reproduction de ses blocages.
Je
souhaite que ce guide soit porté à la connaissance du plus grand nombre, à
commencer par les pouvoirs publics tenus par le devoir d’exemplarité, jusqu’aux
citoyen.ne.s désireuses et désireux d’agir pour l’égalité réelle entre les
femmes et les hommes.
8
UNE
DÉMARCHE
INSCRITE DANS LES TEXTES
Au
niveau européen
n
Le Conseil de l’Europe a adopté, en 2008, une recomman- dation visant « l’élimination
du sexisme dans le langage et la promotion d’un langage reflétant le principe
d’égalité entre les femmesetleshommes»(Recommandation CM/Rec(2007)17).
Au
niveau de l’État
n
Les feuilles de route ministérielles issues du Comité Intermi- nistériel aux
Droits desfemmes (CIDF) comportent desactions relatives à la communication
institutionnelle. Les feuilles de route, demain, pourraient intégrer l’adoption
dece guide comme axe d’action prioritaire.
n
Dans la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et leshommes du 4 août 2014,
l’art.1 consacre « une approche intégrée de l’égalité ».
Au
niveau des collectivités territoriales
n
Loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes du 4 août 2014, art.
61 : préalablement aux débats sur le projet de budget, les collectivités
doivent présenter un rapport sur la situation locale en matière d’égalité entre
les femmes et les hommes et les orientations et programmes visant à améliorer
cette situation.
n
Protocole d’accord du 2 juillet 2013 signé entre le ministère des Droits des
femmes et les grandes associations de collec- tivités : l’égalité femmes-hommes
doit être prise en compte à toutes les étapes des politiques publiques, au
moment notam- ment de leur mise en œuvre et de leur diffusion via les docu-
ments de communication tant internes qu’externes ;
Charte
pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie locale de
l’Association Française du Conseil des Communes et Régions d’Europe (AFCCRE).
L’article 6 « Contrer les stéréo- types » engage notamment le signataire à
s’assurer que sa propre communication, publique et interne, soit pleinement
conforme à cet engagement. »
10
QUELQUES
DÉFINITIONS
Les stéréotypes de sexe sont des représentations
schématiques et globalisantes qui attribuent des caractéristiques supposées «
natu- relles » aux filles/femmes, aux gar- çons/hommes, sur ce que sont et ne
sont pas les filles et les gar- çons, les femmes et les hommes, sous-entendu «
par nature ».
Les
stéréotypes de sexe font pas- ser pour naturels et normaux des rôles de sexe
différents et hiérar- chisés, assignés aux femmes et aux hommes. Les rôles
desexesont les traits psychologiques, les com- portements, les rôles sociaux ou
les activités assignées plutôt aux femmes ou plutôt aux hommes, dans une
culture donnée, à une époque donnée.
Les
rôles de sexe sont une mise en pratique du genre. Le genre est le système de normes hiérarchisées et hiérarchisantes
de féminité /masculinité. Cesnormes sont différentes, construites enopposition,
et valables dans une culture donnée, une époque donnée. Ce système produit des
inégalités entre les femmes et les hommes.
12
FOIRE
AUX ARGUMENTS
Réponses
aux 6 oppositions les plus fréquentes contre l’usage du féminin dans la langue
:
n
L’argument d’utilité : « C’est une question accessoire ».
La
langue reflète la société et sa façon depenserlemonde. Ainsi, une langue qui
rend les femmes invisibles est la marque d’une société où elles jouent un rôle second.
C’est bien parce que le langage est politique que la langue française a été
infléchie délibérément vers le masculin durant plusieurs siècles par les
groupes qui s’opposaient à l’égalité des sexes.
n
L’argument du masculin générique : « Le masculin est aussi le marqueur du
neutre. Il représente les femmes et les hommes ».
En
français, le neutre n’existe pas : un mot est soit masculin, soit féminin.
Et
d’ailleurs, l’usage du masculin n’est pas perçu de manière neutre en dépit du
fait que ce soit son intention, car il active moins de représentations de
femmes auprès des personnes interpellées qu’un générique épicène. C’est
tellement courant que nous en avons à peine conscience. Cette problématique
pourrait être mise en parallèle avec l’histoire du suffrage uni- versel. Le
masculin n’est pas plus neutre que le suffrage n’a été universel jusqu’en 1944.
n
L’argument de la lisibilité : « Cela encombre le texte ».
Au
contraire, l’usage du féminin clarifie un texte puisqu’il permet de comprendre
qu’on y évoque aussi des femmes ; cela évite au contraire d’avoir à le préciser
de manière expli- cite. D’autre part, la réintroduction des termes féminins
rac- courcit les énoncés : « femme auteur », « femme ingénieur »,
«
femme poète » sont des périphrases qui prennent plus de place qu’« autrice », «
ingénieure », « poétesse »... Enfin, les femmes « n’encombrent » pas un texte.
n
L’argument esthétique:
« écrivaine, pompière, ce n’est pas
beau ! ».
Le
fait de systématiser l’usage du féminin est d’abord une question d’habitude.
14
Ce n’est pas une question d’esthétique, car
aucun mot n’est beau ou laid en soi.
Les
arguments contre ces usages sont souvent irrationnels. L’ouvrage La Grammaire en folie de Brigitte BLOCH nous remé- more
ainsi un énoncé de Bertrand POIROT-DELPECH, acadé- micien, invité de Bernard
PIVOT dans l’émission « Bouillon de culture » : « C’est le vaine d’écrivaine
qui me gêne », feignant ne pasentendre que le mot « écrivain » contient
l’adjectif « vain ».
Lesnomsde
métiers au féminin « dérangent » car ils traduisent le fait que des terrains
conçus comme propres aux hommes sont investis par des femmes.
n
L’argument du prestige : « Les femmes elles-mêmes nomment leur métier au masculin
».
Ces
femmes ont parfaitement compris les messages envoyés par ceux qui ont fait
disparaître les termes féminins et ceux qui aujourd’hui les disent impropres ou
inconnus, leur signifiant que, supposées inférieures, elles n’auraient rien à
faire sur leur terrain. Et nous ne pouvons d’ailleurs pas blâmer ces femmes
«
transfuges », qui transgressent desnormes en intégrant des secteurs
majoritairement occupés par des hommes, de cher- cher à se fondre dans les
usages leur préexistant. Mais cela est dommage, car l’usage du féminin pour
leur nom de métier par exemple ne diminue pas leurs compétences. De plus, ces
femmes sont des pionnières et peuvent jouer un rôle impor- tant de modèle pour
les générations à venir.
n
L’argument de l’homonymie : « On ne comprend plus le sens des mots ;
traditionnellement “la préfète” désigne la femme du préfet ».
La
« préfète » désigne en effet deux personnes différentes. Mais ce problème ne
peut être résolu en conservant des for- mules désuètes, correspondant à une
société où, lorsqu’une fonction prestigieuse était interdite aux femmes, le
féminin dési- gnait l’épouse. Les métiers concernés par ce problème, comme
«
préfète » ou « ambassadrice » sont aujourd’hui ouverts aux femmes. En 2014,
15,7 % des préfet.e.s sont des femmes. Par ailleurs, se pose-t-on la question
de savoir si la nomination de leurs époux(« Monsieur le préfet » ?) concurrence
leshommes exerçant ce métier ? Et que faire si « Monsieur le préfet » est marié
à un homme ? Les usages langagiers doivent s’adapter aux usages sociaux.
16
10 RECOMMANDATIONS
pour une
communication publique
sans stéréotype de sexe
1
Éliminer
toutes expressions sexistes 18
2
Accorder
les noms de métiers, titres, grades
et
fonctions 20
3
User
du féminin et du masculin
dans
les messages adressés à tous et toutes 26
4
Utiliser
l’ordre alphabétique lors d’une énumération 30
5
Présenter
intégralement
l’identité
des femmes et des hommes 32
6
Ne
pas réserver aux femmes les questions
sur
la vie personnelle
34
7
Parler
«des femmes» plutôt que de «la femme », de la «journée internationale des
droits
des
femmes » plutôt que de la «journée de la femme» et des «droits humains»
plutôt
que des «droits de l’homme» 36
8
Diversifier
les représentations des femmes
et
des hommes
40
9
Veiller
à équilibrer le nombre de femmes
et
d’hommes
46
10 Former les professionnel.le.s et diffuser ce guide 54
l1
18 Éliminer toutes expressions telles que
« chef de famille »,
« mademoiselle », « nom de jeune
fille »,
« nom patronymique », « nom d’épouse
et d’époux », « en bon père de famille »
Pourquoi
?
Parce
que ces expressions ont déjà été bannies du droit français1. Parce que ces
expressions renvoient les femmes et leshommes àdes rôles sociaux traditionnels.
Exemple
1
- Conformément à la Circulaire n°5575/SG du 21 février 2012 relative à la
suppres- sion des termes « mademoiselle », « nom de jeune fille », « nom
patronymique »,
«
nom d’épouse » et « nom d’époux » des formulaires et correspondances des admi-
nistrations, à la loi n° 70-459 du 4 juin 1970 relative à l’autorité parentale
et à la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les
hommes.
2
20 Accorder les noms de métiers, titres,
grades et fonctions
avec le sexe des personnes qui les
occupent
Pourquoi
?
C
Parce que les noms de métiers, titres, grades
et fonc- tions existent au féminin, et ce depuis le Moyen Âge. Il n’y a donc
pas de raison d’invisibiliser les femmes.Comment faire ?
Retrouvez
plus de 2 000 nomsde métiers, titres, grades ou fonctions au masculin et au
féminin dans le guide linguistique téléchargeable en ligne : « Femme, j’écris
ton nom... Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades
et fonctions. »
ÉVITEZ
PRÉFÉREZ
Madame
le chef de bureau
Madame
la cheffe de bureau
Madame
le préfet
Madame
la préfète
Madame
le directeur
Madame
la directrice
Madame
le sénateur
Madame
la sénatrice
Madame
le maire
Madame
la maire
Les
usages de la langue évoluent avec le temps : il faut faire preuve de souplesse.
Les recommandations du HCE sont indicatives, et ne prétendent pas à l’exhausti-
vité. Le plus important est d’entrer dans une démarche de communication
égalitaire.
¨
Pour aller plus loin :
n
Circulaire du 11 mars 1986 relative à la féminisa-
tion
des noms de métier, fonction, grade ou titre suite
à
la commission de terminologie afférente, créée par la ministre Yvette ROUDY et
présidée par la romancière et journaliste Benoîte GROULT ; renforcée par la
circulaire du 6 mars 1998.
n
Foire aux arguments enp. 13, 14 et 15 et desexemples de féminins et masculins
selon les terminaisons p. 59.
Le
saviez-vous ?
Lemasculin ne l’a pas toujours
emporté sur le féminin ...
La
langue française n’est pas immuable : l’usage du fémi- nin a longtemps été dans
les normes, dans le vocabu- laire comme dans la grammaire. La langue évolue de
deux façons : d’une part, de façon spontanée, sous l’ef- fet de l’usage (en
fonction des évolutions sociales, des
22 immigrations, etc.) et d’autre part,
de manière délibérée (les grammairien.ne.s et les écrivain.e.s peuvent préco-
niser des choix linguistiques qui s’imposent peu à peu). Et le masculin ne l’a
pas toujours emporté.
Jusqu’au
XVIIe siècle, touslesnomsde métiers, fonctions et dignités exercé.e.s par
desfemmes étaient nommé.e.s au féminin, de même que tous les métiers, fonctions
et dignités exercé.e.s par deshommes l’étaient aumasculin (exemples :
cuisinière, marchande, abbesse, administe- resse, enchanteresse, doctoresse,
charpentière, autrice).
Cesontles
réformes des grammairiens et lexicographes au XVIIe siècle qui ont« imposé » la
règle dumasculin qui l’emporte, aboutissementd’unelonguepériodederéflexion qui
débute à la Renaissance sur la place des femmes et des hommes dans la société,
et en particulier sur le
terrain
politique. Il est question de savoir si les femmes peuvent gouverner, peuvent
ne pas obéir à leur mari ou peuvent exercer les mêmes fonctions que les hommes.
En
1647, douze ans après la création de l’Académie Fran- çaise, l’un de
sesmembres, Claude FAVRE DE VAUGELAS, préconise que le masculin doit l’emporter
en grammaire au motif que « Le masculin est plus noble que le fémi- nin ». Un
siècle plus tard, le professeur Nicolas BEAUZÉE justifie que, selon lui, « Le
genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité
du mâle sur la femelle ».
AucoursdelaRévolutionfrançaise,lesfemmesdemandent
quecesselasuprématie de l’usage dumasculin2 en même temps qu’elles réclament le
droit de vote.
C’est
en 1882 que l’État tranche en faveur du masculin lorsqu’il rend l’instruction
publique obligatoire. Desmots présents danslefrançais ancien disparaissent
alors, tels que le féminin de médecin : medecine ou medecineuse. Alors que les
métiers moins valorisés socialement n’ont jamais été privés de leur féminin
lorsqu’ils en avaient. Exemple : Le gastelier et la gastelière sont devenu.e.s
le pâtissier et la pâtissière.
Cette
hiérarchisation des sexes par le langage est devenue ensuite si courante et
intériorisée qu’on ne la remarque (presque) plus aujourd’hui.
2
- La requête des dames à l’Assemblée nationale, projet de décret (1792) : « Le
genre masculin ne sera plus regardé, même dans la grammaire, comme le genre le
plus noble, attendu que tous les genres, tous les sexes et tous les êtres
doivent être et sont également nobles ».
À
lire :
L’Académie
contre
la langue française, le dossier « féminisation » de Maria CANDEA,
Yannick
CHEVALIER, Sylvia DUVERGER,
Anne-Marie
HOUDEBINE,
dir.
Éliane VIENNOT, Éditions iXe, 2016.
24
Non,
le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !
Éliane
VIENNOT, professeure
de
littérature française de la Renaissance retrace l’histoire des résistances de
la langue française.
L’égalité,
c’est
pas sorcier !
publié
à l’initiative
du
collectif qui a demandé en mars 2015 à la ministre de l’Éducation nationale de
publier une circulaire
considérant
comme correcte la règle de proximité.
Plus
d’informations
sur
le site petitions24.net.
26 User du féminin et du masculin dans les
messages adressés
à tous et toutes
Pourquoi
?
Pour
que les femmes comme les hommes soient inclus.e.s, se sentent représenté.e.s.
et s’identifient.
C
Comment
faire ?
Pour
marquer le féminin et le masculin :
n
À l’oral :
Utiliser
lesmots et/ou adjectifs au féminin et aumasculin, par ordre alphabétique dans
la mesure du possible.
n
À l’écrit :
La
forme préconisée pour l’oral reste valide. Le point peut être utilisé alternativement
en composant le mot comme suit : racine
du mot + suffixe masculin + point
+
suffixe féminin (voir exemples p.
59).
Pour
lesdéterminants, l’ordre « la.le » ou« le.la » dépend du genre du nom (« le.la
présentateur.rice »). L’usage de l’ordre alphabétique intervient en cas de
terme épi- cène (« la.le journaliste », « au.à la maire », « du.de la
fonctionnaire »). Il en va de même pour la terminaison, notamment au pluriel :
on va écrire « les agent.e.s terri- toriaux.ales » et « les fonctionnaires territoriales.aux
».
Le
point a l’avantage d’être peu visible pour ne pas gêner la lecture, d’être le
plus aisé pour les logiciels adaptés aux personnes malvoyantes, de faciliter
l’écriture sur un clavier informatique et d’éviter toute connotation néga- tive
à l’inverse des parenthèses (indiquent un propos secondaire), de la barre
oblique (connote une opposi- tion), du E majuscule (peut laisser penser que
seules les femmes sont désignées). Il prend également moins de place que le
tiret, autre forme courante.
Lepoint
médian (aussi appelé « point d’altérité »), point situé à mi-hauteur du
lettrage, peut également être uti- lisé : il se trouve parmi les caractères
spéciaux des logi- ciels detraitement detexte. Pour l’utiliser plus facilement
dans Word : aller dans le menu « symboles » ou « carac- tères spéciaux » et
attribuer une touche de raccourci.
28
Astuce
!
Il
est aussi possible d’utiliser :
n
Des mots épicènes, c’est-à-dire les mots dont la forme ne varie pas entre le
masculin et le féminin. Exemples : un.e élève, un.e membre, un.e fonction-
naire, etc. ;
n
Des mots désignant indifféremment une femme ou un homme ou des mots «
englobants ».
Précision
terminologique :
Privilégier
l’expression « user du féminin » plutôt que
«
féminiser » la langue ou le langage, car le genre gram- matical féminin existe
déjà : il est simplement peu, ou plus usité. Le fait d’utiliser un verbe
d’action comme
«
féminiser » sous-entend à tort que l’on transforme- rait la langue.
Le saviez-vous ?
La
Suède s’est dotée en 2015 d’un pronom neutre, le
«
en », qui désigne indifféremment les hommes et les femmes ! À l’origine de
cette consécration par l’Académie suédoise, on retrouve la volonté de permettre
à tou.te.s, et notamment aux enfants, de se projeter dans des termes non
sexués. En France, cette question est très récente. Certain.e.s usager.ère.s
d’une communication égalitaire ont développé leurs propres formes de pronoms
neutres :
n
il et elle devient « iel » ou « ille » ;
n
ils et elles devient « iels » ou « illes » ;
n
celles et ceux devient « celleux » ou « ceulles », etc.
4
30 Utiliser l’ordre alphabétique
lors d’une énumération de termes
identiques (ou équivalents)
au féminin et au masculin
Pourquoi
?
Pour
varier afin de ne pas systématiquement mettre le masculin en premier, par
habitude, ou en second, par
«
galanterie ».
+
Exemples
:
5
32 Présenter intégralement l’identité des
femmes et des hommes,
avec leur prénom et nom,
ainsi que leur métier quand cela est
approprié
Pourquoi ?
n
Lesfemmes sont, plus fréquemment queleshommes, présentées par leur prénom
uniquement, étant précisée leur qualité d’ « épouse de » ou de « mère
desenfants », quand les hommes sont présentés le plus souvent avec leur prénom
et nom, leur qualité, grade ou profession.
Lefait
den’utiliser queleprénom desfemmes là où on uti- lise les prénomset
nomsdeshommesest discriminant.
n
En outre, s’adresser aux femmes enne recourant qu’au prénom peut renvoyer à la
sphère du privé, de l’intime, du familier, ce qui peut participer à les
décrédibiliser.
n
Il convient également d’éviter, lorsqu’elles exercent un métier
traditionnellement occupé par des hommes, de souligner qu’elles
conserveraientmalgré tout leur « fémi- nité » (en décrivant leur style
vestimentaire, leur dou- ceur, leur maîtrise des tâches domestiques, ou encore
leurs qualités de « cordon bleu » ou de mère attentive, etc.).
6
34 Ne pas réserver aux femmes
les questions sur la vie personnelle
et notamment sur la vie de famille
Pourquoi
?
n
Il est courant de demander aux femmes qui exercent des responsabilités, et à
elles seules, comment elles parviennent (ou pas) à mener de front carrière et
vie de famille.
n
Si cette question est pertinente, il convient de la poser aussi aux hommes.
7
36 Parler « des femmes » plutôt
que de « la femme », de « la journée
internationale des droits des femmes » plutôt que de la « journée de la femme »
et des « droits humains » plutôt
que des « droits de l’homme »
ÉVITEZ
PRÉFÉREZ
Journée
de la femme
Journée
internationale des droits des femmes
Les
Hommes/hommes
Les
êtres humains
Les
droits de l’Homme/ de l’homme
Les
droits humains
Sport
féminin
Femmes
dans le sport
Entreprenariat
au féminin
Création
d’entreprises par des femmes
Féminisation
des
instances dirigeantes
Accroissement
du nombre de femmes dirigeantes
Pourquoi
?
Il
est important de dissocier « la Femme » (le fantasme, le mythe, qui
correspondent à des images stéréotypées et réductrices telles que la figure de
« l’Arabe » ou du
«
Juif ») et « les femmes », qui sont des personnes réelles, aux identités
plurielles, et représentatives d’un groupe hétérogène. « La Femme » est une
représenta- tion mentale produite par la société : l’expression sug- gère que
toutes les femmes partagent nécessairement desqualités propres à leur sexe
(douceur, dévouement, charme, maternité…).
Or,
dans la réalité, les femmes se distinguent par la plu- ralité de personnalités,
de leurs goûts, de leurs couleurs
de
peau, de leurs activités professionnelles, dépassant largement les représentations
quelasociété leur impose.
C
Comment
faire ?
n
Dans cette perspective, le 8 mars n’est pas « La Jour- née de la Femme » mais «
La Journée Internationale des droits des femmes » ou a minima, « La Journée des
femmes ». Cette journée a été créée au début du XXe siècle dans une perspective
militante. Elle est l’occasion de réaffirmer l’importance de la lutte pour les
droits des femmes et rend hommage aux combats en faveur de la reconnaissance
sociale et politique des femmes. Le 8 mars n’est ni la Saint-Valentin, ni la
Fête des Mères.
38
À
éviter :
n
Organiser un concours de beauté, offrir une rose ou une plante verte au
personnel féminin, etc.
n
Demême, àl’utilisation desmots« droitsdel’homme», il faut préférer « droits
humains ». N’oublions pas que le mot « homme » dans la Déclaration des droits
de l’homme et du citoyen française a longtemps servi à écarter juridiquement
les femmes du droit de vote. Les rédacteurs de la Déclaration onusienne de 1949
vou- laient mettre « Man Rights » et ce fut la seule femme présente, Eleanor
Roosevelt, qui se battit pour qu’ils adoptent « Human Rights », afin de couvrir
les droits des femmes. Expression que la France traduit à tort par
«
Droits de l’homme », contrairement au Québec fran-
cophone
par exemple qui écrit « Droits de la personne humaine ».
Zoom
sur
Deux
initiatives appelant au remplacement à l’ave- nir de l’expression « droits de
l’homme » par « droits humains»:
n
Le collectif Droits humains, rassemblant plus de 40 associations et fédérations
de la société civile, le demandedanslecadredelacampagne« Droitshumains pour
tou.te.s ». Retrouvez toutes les informations sur http://droitshumains.unblog.fr
n
L’association Zéro Macho, sous l’égide du HCE, aadapté la « Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen » (1789) pour qu’elle s’applique à toute
l’humanité. Elle devient symboliquement la « Déclaration des droits humains des
citoyennes et des citoyens ».
8
40 Diversifier les représentations des
femmes et des hommes afin
de ne pas les enfermer dans des
rôles de sexe stéréotypés et d’assurer
la diversité réelle des
représentations
Pourquoi
?
Il
ne s’agit bien évidemment pas d’interdire certaines représentations mais de les
diversifier afin de ne pas enfermer femmes et hommes dans desstéréotypes. La
communication publique doit en effet veiller à s’adres- ser aux femmes et aux
hommes de tous âges, toutes origines, tous milieux professionnels, toutes
religions, toutescapacitésphysiquesoumentalesetdetouslieux.
Certes,
certaines représentations stéréotypées corres- pondent à des réalités. Ainsi,
il n’est pas question de ne plus représenter de femmes réalisant des tâches
ména- gères : elles assument encore aujourd’hui 80% d’entre elles. Mais il
convient également de reconnaître et de ne pas masquer les représentations qui
correspondent aussi à une réalité sociale : il existe desfemmes cheffes
d’entreprise, ingénieures, astronautes, et des hommes infirmiers ou qui
s’occupent de leurs enfants.
Astuce
!
La
légende, par son ton ironique, décalé ou au contraire très factuel peut
permettre d’exprimer une distance cri- tique à l’égard de l’image.
41
C
Comment
faire ?
Les
représentations de ces rôles de sexe sont trans- mises sur l’image par :
n
Lescouleurs : éviter les couleurs douces et rosespour les femmes, sombres et
bleues pour les hommes ;
n
L’activité exercée : nepassystématiquement représen- ter les femmes dans des
activités maternantes, et les hommes dans desactivités de direction ou dans les
sec- teurs de la technique, de la high-tech et dessciences ou encore révélant
descapacités physiques et manuelles ;
n
Les types de vêtements : ne pas systématiquement représenter les hommes dans
des vêtements pratiques, et les femmes dénudées ou avec des vêtements inap-
42 propriés pour l’activité réalisée ;
n
L’attitude des personnes (position, regard, etc.) : ne pas systématiquement
représenter les femmes comme étant à disposition deshommes, dans desposi- tions
lascives, passives voire soumises, et les hommes dans des positions assurées et
dominatrices ;
n
Leur place sur l’image : ne pas systématiquement représenter les hommes au
premier plan, et les femmes en arrière-plan ou dans les marges ;
n
L’environnement : ne pas systématiquement repré- senter les hommes en extérieur
et en milieu profes- sionnel, et les femmes à l’intérieur et dans la sphère
domestique ;
n
Les interactions entre les personnes : privilégier la coopération au rapport de
force.
UN MAUVAIS EXEMPLE
Campagne
de recrutement
du ministère de l’Éducation
nationale, 2011
D’un
côté, la femme,
la
douceur, les couleurs pastels, la littérature, la blondeur, le rêve.
De
l’autre, l’homme, l’ordinateur, le bleu, l’attitude concentrée, l’ambition
Pour
toute communication sur l’égalité femmes-hommes : attention aux pièges !
Les
initiatives visant spécifiquement la mixité constituent un levier face à la
persistance des stéréotypes… à condition de ne pas tomber dans l’essentialisme
et les grands mythes sur ce que seraient et aimeraient les femmes.
n
La promotion de la mixité
UN MAUVAIS EXEMPLE
UN BON EXEMPLE
La
campagne « Science, it’s a
girl thing »
(« La science, un truc de filles ») lancée en 2012 par la Commission européenne
visait à inciter les jeunes femmes àfaire dessciences. Leclip saturé de rose
met en scène des vamps caricaturales, sur talons aiguilles, dont la pratique de
la science pas- serait par la danse, le maquillage ou la mode.
Face
au tollé international, la Commission a remplacé son clip par un autre plus
approprié et efficace.
Certaines
campagnes, au contraire, cherchentàpromouvoir l’accès des femmes aux profes-
sions traditionnellement occu- pées par des hommes tout en déconstruisant les
stéréotypes.
Cette
campagne de recrutement d’une école d’ingénieur.e.s pré- sente des femmes non
sté- réotypées en dénonçant les préjugés.
L’école
a également choisi de rendre visible les femmes dans son logo, se définissant
comme
«
école d’ingénieur-e-s ».
Campagne
de promotion de la science
de la Commission européenne auprès
des filles
Campagne
de recrutement
de l’École d’ingénieur.e.s EPF
dans les filières scientifiques
44
n
La promotion de la mixité dans les sports
UN MAUVAIS EXEMPLE
UN BON EXEMPLE
Lors
d’événements sportifs d’équipes de femmes, il convient d’éviter une
hyper-sexualisation des corps des athlètes. Trop sou- vent encore, la
communication sur ce sujet minimise les perfor- mances sportives et renvoie les
sportives aux normes de la fémi- nité (maquillage, intérêt pour la mode, talons
aiguilles, etc.).
La
photographie capture une scène d’entraînement entre une sportive et son coach
dans un sport habituellement perçu comme imperméable aux femmes. Les couleurs
sont neutres, les positions profession- nelles et enmouvement, et le slo- gan
délibérément provocateur, dans le but de décons- truire les clichés.
Campagnes
de clubs sportifs en partenariat
avec un Conseil général
Campagne pour l’exposition
« Femmes & Sports, au-delà du
cliché », CDOS Gironde
©
anaelb.com
9
46 Veiller à équilibrer le nombre de
femmes et d’hommes
n
Sur les images et les vidéos
Rencontre
des ministres des Finances et gouverneur.e.s de la Banque Centrale, Washington
2014.
Pourquoi
?
Pour
que les femmes comme les hommes soient inclus.e.s, se sentent représenté.e.s et
s’identifient.
C
Comment
faire ?
Pour
un document donné, compterlenombre de femmes et d’hommes représenté.e.s sur les
photos, les infogra- phies, les illustrations, etc. et rééquilibrer si
nécessaire.
UN
BON EXEMPLE
Pour
promouvoir l’enseignement agricole,
le
ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt met en valeur
autant de filles
que
de garçons, tant dans les portraits d’élèves que sur les photos d’illustration
de la plaquette de rentrée 2015-2016.
48
n
Sujets d’une communication
Pourquoi
?
Le
partage de l’espace, quel qu’il soit, entre les femmes et les hommes contribue
à rendre visible chaque sexe. Une représentation réaliste et non stéréotypée
des per- sonnes passe également par des efforts pour diversifier les sujets sur
lesquels on écrit, en évoquant l’expérience des femmes autant que celle des
hommes.
C
Comment
faire ?
Pour
un document donné, compterlenombre de femmes et d’hommes qui font l’objet d’une
communication, que ce soit dans le texte (parmi les personnes nommées dans un
article ou interviewé.e.s) ou dans les images (en une oudans les images
d’illustration, etc.) et ré-équi- librer si nécessaire.
Il
est également possible de jouer avec le texte et les images afin d’équilibrer
les représentations desfemmes et des hommes. Si l’illustration va dans le sens
des sté- réotypes, le texte (commentaire ou légende) peut com- penser.
¨
Pour
aller plus loin
Valoriser
les femmes ou les hommes œuvrant sur des sujets ou exerçant des métiers
traditionnellement réser- vés à l’autre sexe.
UN
BON EXEMPLE
Extraits
de l’exposition « Tous les métiers sont mixtes », à destination des
collectivités territoriales, collèges, lycées, missions locales, structures
socioculturelles/Association Femmes ici et ailleurs.
50
n
À la tribune d’événements, ainsi que dans la répartition du temps de parole
C
Comment
faire ?
Pour
un événement donné :
n
Compter le nombre de femmes et d’hommes invité.e.s à s’exprimer (un outil :
l’application Itcounts).
n
Compter les temps de parole accordés aux femmes et aux hommes intervenant.e.s
(un outil : le site arementalkingtoomuch.com).
n
Ré-équilibrer si nécessaire
Si
vous recherchez des femmes expertes, quel que soit le domaine, visitez le site
ressource expertes.eu, lancé par le groupe Egalis, Radio France et France
télévisions. Le site recense plus de 1 500 expertes sur 300 thématiques et 2
700 mots clés.
¨
Pour
aller plus loin :
Valoriser
les femmes ou les hommes œuvrant sur des sujets ou exerçant des métiers
traditionnellement réser- vés à l’autre sexe et compter le nombre de femmes et
d’hommes par profil d’intervenant.e.s (expert.e.s, mili- tant.e.s, témoins,
etc.).
n
Parmi les noms des rues, des bâtiments, des équipements, des salles
Pourquoi
?
Parce
qu’en France, 6% desruesseulement arborant des noms de personnalités portent le
nom d’une femme.
Attribuer
desnomsaux lieux (rues, bâtiments, équi- pementsousalles) est une manière de
rendre hom- mage et de valoriser desfemmeset deshommes qui ont marqué
l’histoire (politique, culturelle, scientifique, etc.), éventuellement
l’histoire locale.
Le
Panthéon n’a pas le monopole des grand.e.s femmes et hommes !
52
À lire
De
nombreux et excellents ouvrages
existent
en la matière :
n
Le
Dictionnaire universel des créatrices,
de
Béatrice DIDIER, Antoinette FOUQUE, Mireille CALLE-GRUBER, Éditions des Femmes,
Novembre 2013 ;
n
L’Histoire
des femmes en Occident,
de
Michelle PERROT, Georges DUBY,
Collection
Tempus, Éditions Perrin, Février 2002 ;
n
Les
Femmes dans la société française au 20e siècle,
Christine
BARD, Éditions Armand Colin, 2004.
Exemples
Pour aller plus loin :Veiller à ne pas retomber dans les
stéréotypes de sexe, comme par exemple : nom de femme pour les salles de danse
et nom d’homme pour les stades de foot. Au contraire, valoriser les femmes ou
les hommes œuvrant sur des sujets ou exerçant des métiers traditionnelle- ment
réservés à l’autre sexe.
Zoom
sur
Lacampagne
FémiCité d’Osez le féminisme ! qui interpelle les pouvoirs publics sur la non
reconnaissance actuelle desfemmes dans la toponymie des villes, afin de redon-
ner aux femmes illustres la place qu’elles méritent dans l’espace public. Plus
d’informations sur http://femicite.fr/
10
54 Former les professionnel.le.s et
diffuser ce guide
Pourquoi
?
Ce
guide est un outil proposé pour envisager de pre- mières actions, simples et
visibles, favorisant l’égalité entre les femmes et les hommes.
Mais
pour faire de la lutte contre les stéréotypes un réflexe chez les acteurs et
actrices de la communica- tion publique, et qu’elle s’inscrive dans la durée,
il est nécessaire de se former à cette problématique, que ce soit dans les
services de l’État, ceux des collectivités territoriales, ou des établissements
publics.
C
Comment
faire ?
Pour
faire de ce guide un outil de référence au sein de votre institution, il
convient de le diffuser largement :
n
en interne, en particulier aux personnes en charge de la communication ;
n
sur la plateforme intranet ;
n
aux prestataires extérieur.e.s de votre institution, notamment en matière de
communication ;
n
à l’ensemble de vos partenaires, en particulier celles et ceux faisant l’objet
d’un financement de votre part (subvention à destination des associations
sportives, financement d’un festival de musique ou de films, etc.).
¨
Pour
aller plus loin :
Le
HCE encourage les organisations publiques, les col- lectivités, les services
administratifs, les établisse- ments d’enseignements supérieurs et, plus
largement, toutes les organisations désireuses de formaliser leur démarche pour
une communication non sexiste à signer la Convention d’engagement pour une
communication publiquesans stéréotype desexe. Elles s’engagentainsi :
1. En tant que responsable public.que, à reconnaitre
l’importance de prévenir et faire reculer les stéréotypes de sexe dans la
communication publique, en interne comme en externe.
2. À ce que l’institution publique signataire adopte ce guide
pratique, le diffuse à sesagent.e.s, en particulier à
56 celles et
ceuxenchargedelacommunication, et lemette à disposition, le cas échéant, sur la
plateforme intranet.
3. À ce que ce guide pratique soit transmis aux pres- tataires
extérieur.e.s conduit.e.s à communiquer ou élaborer des communications pour le
compte de l’ins- titution signataire.
Télécharger
la convention et consultez la liste desorga- nisations signataires sur
haut-conseil-egalite.gouv.fr/ Rubrique « Stéréotypes »
Le
tableau suivant présente des exemples indicatifs et non exhaustifs d’usage du
féminin en fonction de la terminaison des mots. Il s’agit de propositions,
adaptables aux usages dans votre structure.
Vous
pouvez également vous référer au guide linguistique
58
« Femmes, j’écris ton nom…guide d’aide à la
féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions » (1999) qui
recense plus de 2000 noms accordés au masculin et au féminin.L’essentiel est
d’entrer dans une démarche de communica- tion égalitaire.
EXEMPLES
DE FÉMININS ET MASCULINS SELON LES
TERMINAISONS
Terminaisons
Singulier
Pluriel
Déterminants
la.le
un.e ce.tte celui.elle
les
des ces
ceux.elles
Adjectifs
indéfinis
tout.e
tou.te.s
Mots
épicènes
(mots
dont la forme ne varie pas entre le masculin et le féminin)
artiste
bénévole cadre capitaine diplomate fonctionnaire gendarme guide interprète
juriste
maire
membre propriétaire scientifique
secrétaire
artistes
bénévoles cadres capitaines diplomates fonctionnaires gendarmes guides
interprètes juristes maires membres propriétaires scientifiques secrétaires
Mots
et
adjectifs se terminant au masculin
par
une voyelle
Masculin
en -é et -i
administré.e
apprenti.e attaché.e chargé.e délégué.e député.e diplômé.e retraité.e
administré.e.s
apprenti.e.s attaché.e.s chargé.e.s délégué.e.s député.e.s diplômé.e.s
retraité.e.s
Masculin
en -u
Masculin
en -u.e
élu.e
élu.e.s
Mots
et
adjectifs se terminant au masculin par une consonne
Masculin
en -al
Féminin
en -ale
départemental.e
local.e médical.e municipal.e préfectoral.e régional.e social.e syndical.e
territorial.e
départemental.e.s
local.e.s médical.e.s municipal.e.s préfectoral.e.s régional.e.s social.e.s
syndical.e.s territorial.e.s
Masculin
en -ef
Féminin
en -effe
chef.fe
chef.fe.s
Maculin
en -el
Féminin
en -elle
intellectuel.le
maternel.le professionnel.le
intellectuel.le.s
maternel.le.s professionnel.le.s
Maculin
en -en (dont -ien)
Féminin
en -enne (dont -ienne)
citoyen.ne
gardien.ne lycéen.ne technicien.ne
citoyen.ne.s
gardien.ne.s lycéen.ne.s technicien.ne.s
Masculin
en -er *
Féminin
en -ère
banquier.ère
conseiller.ère écolier.ère hospitalier.ère officier.ère premier.ère
policier.ère usager.ère
banquier.ère.s
conseiller.ère.s écolier.ère.s hospitalier.ère.s officier.ère.s premier.ère.s
policier.ère.s usager.ère.s
Masculin
en -eur (à l’exception de
-teur)
Féminin
en -euse
chroniqueur.euse
entraineur.euse footballeur.euse programmeur.euse travailleur.euse
chroniqueur.euse.s
entraineur.euse.s footballeur.euse.s programmeur.euse.s travailleur.euse.s
Féminin
en -eure
chercheur.e**
gouverneur.e ingénieur.e entrepreneur.e professeur.e
chercheur.e.s
gouverneur.e.s ingénieur.e.s entrepreneur.e.s professeur.e.s
Exception
ambassadeur.rice
ambassadeur.rice.s
60
*
Pour les terminaisons en –er ou –et, est également utilisée une forme
simplifiée : un.e conseiller.e municipal.e, des infirmier.e.s, les préfet.e.s.
**
Le terme « chercheuse » est également attesté ; l’usage tranchera.
Mots
et
adjectifs se terminant au masculin par une consonne
Masculin
en -teur
Féminin
en -teuse
acheteur.euse
transporteur.euse
acheteur.euse.s
transporteur.euse.s
Féminin
en -trice
acteur.rice
auteur.rice *** administrateur.rice animateur.rice agriculteur.rice
consommateur.rice directeur.rice éducateur.rice électeur.rice instituteur.rice
inspecteur.rice médiateur.rice modérateur.rice sénateur.rice recteur.rice
acteur.rice.s
auteur.rice.s administrateur.rice.s animateur.rice.s agriculteur.rice.s
consommateur.rice.s directeur.rice.s éducateur.rice.s électeur.rice.s
instituteur.rice.s inspecteur.rice.s médiateur.rice.s modérateur.rice.s
sénateur.rice.s recteur.rice.s
Masculin
en -tif
Féminin
en -tive
administratif.ive
créatif.ive sportif.ve
administratif.ive.s
créatif.ive.s sportif.ive.s
Masculin
en -t
Féminin
en -te
adhérent.e
adjoint.e agent.e avocat.e assistant.e consultant.e étudiant.e habitant.e
président.e remplaçant.e suppléant.e
adhérent.e.s
adjoint.e.s agent.e.s avocat.e.s assistant.e.s consultant.e.s étudiant.e.s
habitant.e.s président.e.s remplaçant.e.s suppléant.e.s
Autres
artisan.e
commis.e sénior.e
artisan.e.s
commis.e.s sénior.e.s nombreux.ses
***
Le terme « autrice », du latin auctrix et utilisé jusqu’au XVIe siècle, a
ensuite été effacé par l’Académie fran- çaise lorsque les premiers
dictionnaires français ont fait leur apparition.
ELLES ET ILS
ONT PERMIS CE GUIDE
Ce
guide a été réalisé par les membres (mandat 2013-2016) de la commission « Lutte
contre les stéréotypes et la répar- tition des rôles sociaux » du HCE et leurs
représentant.e.s, notamment : Gaelle
ABILY, Marie CERVETTI, Marlène COULOMB- GULLY, Marie-Hélène DUMESTE, Isabelle
GERMAIN, Brigitte GRESY, Marie-Françoise LEBON-BLANCHARD, Maud OLIVIER, Nicole
POT, Françoise VOUILLOT.
Avec
le concours de membres du Secrétariat général du HCE : Margaux COLLET, Responsable des études et de la communi- cation, Louise DELAVIER, Maya EL FADEL, Yseline
FOURTIC, stagiaires, Claire GUIRAUD,
Responsable des études et de la communication (2013-2015), Marion MURACCIOLE, stagiaire,
62 Romain SABATHIER, Secrétaire général.
Et de l’équipe du Pôle Conception
Graphique-Fabrication de la
DSAF
(Service du Premier ministre).
Personnalités
extérieures
auditionnées devant la commission :
François BARASTIER, délégué adjoint de la Délégation à
l’infor- mation et à la communication (DICOM), Secrétariat général des
ministères chargés des affaires sociales ; Claudie
BAUDINO, docteure en sciences politiques, spécialiste des politiques
linguistiques ; Claire BERNARD,
conseillère culture, sport, jeunesse, santé, lutte contre les discriminations,
Association des Régions de France (ARF) ; Nathalie
CHAVANON, respon- sable du département Communication Gouvernementale,
Service d’information du Gouvernement ; Séverine
DE SOUSA, directrice adjointe de l’Association des Maires de France (AMF) ;
Thibault DI MARIA, responsable de la
communication
et
des relations publiques, Centre Hubertine Auclert ; Marylène JOUVIEN, en charge de l’égalité femmes-hommes, Assemblée
des départements de France (ADF) ; Valérie
LOIRAT, en charge de l’égalité femmes-hommes, Association française du
Conseil des Communes et Régions d’Europe (AFCCRE) ; Michèle LOUP, ancienne conseillère régionale d’Île-de-France en
charge de la Mission Égalité femmes-hommes, co-autrice du guide
«
Le genre dans la communication » du Conseil régional d’Île-de-France ; Élodie MASSÉ, directrice de la communi-
cation d’Alfortville ; Baptiste MAURIN,
directeur de la com- munication, Assemblée des départements de France (ADF) ; Claire-Lise NIERMARECHAL, chargée de
mission auprès de Thérèse RABATEL, adjointe au Maire de Lyon déléguée à
l’égalité femmes-hommes et aux personnes en situation de handicap ; Sabine REYNOSA, membre du collectif «
Femmes mixité » de la CGT, autrice du décalogue pour une rédaction non sexiste
; Kahina YAZID, chargée de mission
égalité femmes-hommes, ville de Choisy-le-Roi.
Personnalités
extérieures consultées pour avis :
Yannick CHEVALIER, grammairien, maître de conférences
à l’université Lyon II ; Sylvie CROMER,
sociologue, maîtresse de conférences à l’Université Lille II ; Anne-Françoise GILBERT, sociologue,
chercheure au Center for Women and Gender Studies (IZFG), Université de Berne
(Suisse) ; Christine MORIN- MESSABEL,
psychologue sociale, maîtresse de conférences à l’Institut de psychologie,
Université Lyon II ; Éliane VIENNOT, professeure
de littérature française de la Renaissance à l’Uni- versité Jean Monnet
(Saint-Etienne), membre de l’Institut universitaire de France.
Achevé
d’imprimer le .........2016 à l’imprimerie de la DILA
10
RECOMMANDATIONS pour une communication publique sans stéréotype de sexe
✔ 1 Éliminer toutes
expressions sexistes
✔ 2 Accorder les noms
de métiers, titres, grades
et fonctions
✔ 3 User du féminin et du masculin
dans les messages
adressés à tous et toutes
✔ 4 Utiliser l’ordre
alphabétique lors d’une
énumération
✔ 5 Présenter
intégralement l’identité
des femmes et des
hommes
64
✔ 6 Ne pas réserver aux femmesles questions sur la vie personnelle
✔ 7 Parler «des femmes» plutôt que de «la
femme »,
de la « journée
internationale des droits des femmes » plutôt que de la « journée de la femme »
et des « droits humains » plutôt que des « droits de l’homme »
✔ 8 Diversifier les
représentations des femmes et des
hommes
✔ 9 Veiller à équilibrer le nombre de femmes
et d’hommes
-
sur les images et dans les vidéos ;
-
qui font l’objet d’une communication ;
-
à la tribune d’événements
ainsi que dans le
temps de parole ;
-
parmi les noms de rues, des bâtiments,
des équipements, des salles.
✔ 10 Former les
professionnel.le.s et difluser ce guide
S’obstiner
à appeler une femme « madame le Directeur » plutôt que« madame la Directrice »,
réduire les femmes à leur corps dans les publicités, n’inviter que des hommes à
la tri- bune au motif qu’il n’y aurait pas de « femmes expertes», …
Dans
le langage, les images ou l’organisation d’événements, la communication peut au
quotidien renforcer l’effacement des femmes et les stéréotypes. Loin d’être
anecdotique, la communication impacte nos représentations. Plutôt que
d’alimenter lesexisme, nouspouvons passerà l’action ennous assurant d’une
communication plus inclusive et égalitaire.
Autour
de 10 recommandations, ce guide pratique vous accompagne et vous outille pour
convaincre autour de vous: foire aux arguments, références historiques,
juridiques et bibliographiques, bons et mauvais exemples, chiffres clés et
ressources en ligne.
À
vous de jouer !
Diffusion
Direction de l’information légale et
administrative
La
documentation Française
Tél.
: 01 40 15 70 10
Prix : 3,50 euros
ISBN
: 978-2-11-145137-7
DF
: 5HC44080
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