Les associations
et le Règlement Général sur la Protection des Données (RGDP ou GDPR)
Sophie Gioanni
VerticalSoft
Janvier 2018
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L’éditeur met à
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permanence de mettre les moyens à sa disposition pour s’assurer de la qualité
du contenu. Ce document traite de l’environnement légal et réglementaire. Nous
avons vérifié nos sources et citons d’une manière générale les textes du
règlement sur lesquels nous nous appuyons. Toutefois, il est de la responsabilité des lecteurs de
s’assurer que les textes et régimes mentionnés dans les articles sont toujours
bien en vigueur.
Par ailleurs,
aucune information dans ce document ne peut être considérée par les lecteurs
comme un conseil, une consultation ou une recommandation. L’auteur n’étant pas
habilité à fournir des consultations juridiques. Les lecteurs s’engagent donc
à utiliser ces informations sous leur entière
responsabilité et ne pourront pas tenir pour responsable l’éditeur du document
de toute utilisation des informations fournies.
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1- Introduction
L'objectif de ce
document est de sensibiliser l'ensemble des salariés ou volontaires de votre
association à la thématique de la protection des données personnelles. La
protection des données est un sujet très important ; d'autant plus que Le GDPR
(G eneral Data Protection Regulation ), ou RGPD (Réglementation Générale sur la Protection
des Données), est entré en
vigueur le 25 mai 2016 et sera applicable à partir du 25 mai 2018. Ce nouveau
règlement européen s’appliquera à toute entité qui collecte, traite et stocke
des données personnelles dont l’utilisation peut directement ou indirectement
identifier une personne, et donc s’appliquera aux associations et fondations.
La Réglementation
Générale sur la Protection des Données est une nouvelle problématique pour tous
les salariés et volontaires, et plus particulièrement pour ceux en charge de la
levée des fonds, de par l’impact de cette réglementation pour l’association en
cas de non respect.
La réglementation
sur la protection des données présente certaines conditions qui permettent
l'utilisation de données personnelles. Si vous souhaitez récolter et traiter
des données sensibles comme celles relatives à la santé ou la sexualité, vous
devrez remplir un ensemble de conditions supplémentaires. Vous devrez définir
ce que vous faites des données personnelles que vous collectez, pourquoi vous
êtes dans l’obligation de les collecter et, surtout, informer les personnes
concernées de ce que vous faites avec leurs données et de leurs droits.
La protection des
données n’est pas complexe mais elle requiert une certaine discipline de la
part des associations et notamment des personnes dans le domaine du fundraising . De ce fait, cette réglementation n’est pas populaire
dans cette discipline car elle freine sans doute certaines activités.
Cependant, la non-conformité n'est pas une option ; la raison étant que les
organismes qui ne respectent pas ces nouvelles obligations pourraient faire
face à des pénalités et des amendes sévères. De plus, une perte de réputation
serait désastreuse pour toute entité charitable.
2- Points clés à
retenir
Si vous n’avez pas
le temps de lire ce guide, voici les points clés à retenir :
Le GDPR est-il
applicable à une association ?
L’objectif
principal de cette nouvelle réglementation reste similaire à ce qui est
actuellement en place : le GDPR est conçu pour renforcer les droits des
consommateurs en matière de protection des données tout en rendant la
législation sur la sécurité des données uniforme dans toute l’Union Européenne.
Dès lors, cette nouvelle réglementation s’applique à tous les
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acteurs
économiques et sociaux ayant des activités de traitement ou de manipulation de
données à caractère personnel concernant directement des citoyens européens.
Les entreprises sont bien évidemment concernées, mais également les
associations, administrations, ou toutes autres entités collectant des données
personnelles. Rappelez-vous : il
n'y a pas d'exemption pour les associations !
Quelles sont les
données considérées comme personnelles ?
Les « données à
caractère personnel » sont définies comme toute information se rapportant
à une personne
physique qui peut être identifiée, directement ou indirectement, notamment par
référence à un identifiant tel qu’un nom, un numéro d’identification, des
données de localisation, un identifiant en ligne, ou à un ou plusieurs éléments
spécifiques propres à son identité physique, physiologique, génétique,
psychique, économique. En tant qu’association, vous collectez et conservez une
quantité importante de données personnelles. Des données bancaires aux données
démographiques de vos contacts, les données personnelles sont au cœur de votre
activité quotidienne, culturelle ou sociale. Ainsi, pour votre association,
lorsque l’on parle de données personnelles, on inclut donc les informations sur
vos membres, volontaires, donateurs, employés, partenaires, et même vos
contacts via votre site web.
En quoi le GDPR
diffère-t-il des réglementations existantes ?
Nous mentionnerons
les quatre différences les plus importantes pour votre association entre l’ancienne
et la nouvelle régulation :
1- Une portée
géographique plus large : le GDPR étend la portée des lois sur la protection
des données. À partir de mai 2018, si vous collectez des données auprès de
ressortissants de l’Union Européenne, même si votre organisation est située en
dehors de l’Union Européenne, cette réglementation s’appliquera à vous.
2- Sanctions :
selon la nouvelle réglementation, l’amende maximale pour non-conformité peut
atteindre 4 % du chiffre d’affaires global (ou 20 millions d’euros – le chiffre
le plus élevé).
3- Consentement du
consommateur : les organisations traitant des données personnelles doivent être
claires et directes quant à la raison pour laquelle elles veulent collecter ces
données. De plus, le règlement précise que ces traitements ne sont licites que
si la personne concernée a donné son consentement de façon claire, indubitable
et démontrable a posteriori .
Enfin, les organisations doivent faire en sorte que les consommateurs puissent retirer leur consentement. Les obligations du GDPR
supposent donc qu’une organisation doit à tout moment savoir de quelles données
elle dispose, leur localisation, l’objectif de leur collecte et leur mode de
gestion, stockage, sécurisation, transfert et effacement.
4- Obligation de
signaler les violations de données : selon les termes de la nouvelle
réglementation, les organisations seront tenues de signaler les violations de
données à leurs autorités de surveillance dans les 72 heures suivant la
découverte d’une violation. Donc, en
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tant qu’association,
vous devez être en mesure de déceler si l’intégrité de vos données a été
compromise et y remédier promptement, tout en consignant et notifiant l’événement.
Le GDPR s’applique-t-il
à mon association ou mon club sportif basé en France ?
Oui. Votre
association est basée en France et collecte des données de ressortissants de l’Union
Européenne.
Que dois-je faire
en tant qu’association pour devenir conforme au GDPR ?
Premièrement, il
est important de commencer dès maintenant. Vous devrez vous assurer que votre
système actuel et que les procédures de contrôle existantes répondent aux
exigences du GDPR. Effectuez un état des lieux des données collectées par votre
association, de leur traitement, et des moyens de contrôle en place. Déterminez
également les zones de risques vis-à-vis des exigences du GDPR.
Quelles actions
concrètes mon association doit-elle prendre ?
● Si vous possédez un système existant,
vérifiez que votre fournisseur actuel maîtrise GDPR et ses implications.
● Si vous pensez acheter un nouveau système,
assurez-vous que le fournisseur est alerté de cette réglementation.
● Déterminez quelles sont les données
personnelles que vous devez collecter. La nouvelle réglementation impose de ne
collecter sur informatique que les données qui sont strictement nécessaires à
vos objectifs. Évitez de collecter des données peu nécessaires et sensibles
telles que données de santé, données relatives aux origines raciales ou
ethniques.
● Décidez comment vous formulerez vos mentions
légales et votre politique de confidentialité pour vous assurer qu’elles
adhèrent à la nouvelle réglementation. Celles-ci devront comporter un certain
nombre d’informations (identité de l’organisation, mention des droits des
personnes au regard de leurs données, etc.).
● Assurez-vous de l’obtention du consentement
explicite de vos utilisateurs et qu’ils comprennent pourquoi ces données sont
collectées. Ce consentement pourra être retiré à tout moment par les individus
le demandant. Ddonc, vous devrez pouvoir modifier ou effacer ces données si
cela vous est demandé. Attention, vous devrez être en mesure de prouver le
recueil de ce consentement le cas échéant (en cas de contrôle de la CNIL).
● Évaluez la sécurité de vos données et
identifiez les améliorations nécessaires pour assurer la conformité aux
nouvelles réglementations. N’oubliez pas qu’il y a de lourdes pénalités si vous
ne respectez pas les nouvelles directives.
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Que dois-je dire à
mon fundraiser ?
1) Si un donateur ou une personne dont vous
collectez les données personnelles ne comprend pas ce que vous faites avec
celles-ci, la conséquence est que vous ne pouvez pas le faire. La même chose
est vraie pour le consentement : si une personne ne comprend pas ce que vous
faites, vous ne pouvez pas prétendre qu'elle y a consenti.
2) Vous ne pouvez
pas assumer le consentement ; celui-ci doit être explicite. Le défaut de
retrait n'est pas un consentement. Le silence n'est pas un consentement. Une
case pré-cochée n'est pas un consentement. Il existe des règles spécifiques
pour le consentement sur la méthode de communication de collecte de fonds et
d'autres communications de marketing direct.
3) Le consentement
n’est pas toujours nécessaire mais il reste le moyen le plus sûr pour votre
association pour légitimer l’utilisation des données.
5) Attention, les
bénévoles ne sont pas différents des employés et doivent être formés et équipés
pour protéger les données. Il n'y a pas d'exemption de bénévolat.
6) Si vous faites sous-traiter vos données par
une agence ou une société, vous êtes entièrement responsable de ce qu'ils font.
7) Les données
personnelles disponibles dans le domaine public sont toujours des données
personnelles et la protection des données s'applique toujours.
8) Les excuses
suivantes ne vous sortiront pas d’affaire en cas de problème avec la CNIL :
• nous avons
toujours travaillé de cette façon ;
• tout le monde le
fait ;
• nous perdrons
des donateurs si nous changeons notre façon de faire.
Ci-dessous, vous
trouverez plus de détails sur les concepts du GDPR.
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3- Le périmètre d’application
du GDPR
Les règles et
obligations du GDPR s’appliquent au traitement – automatisé ou non – des
données à caractère personnel. Définissons chacun de ces éléments.
Définition des
données à caractère personnel
La définition des
données à caractère personnel est trouvée dans l'article 4 : il s’agit de toute
information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable
(ci-après
dénommée «
personne concernée ») ; est réputée être une « personne physique identifiable »
une personne physique qui peut être identifiée, directement ou indirectement,
notamment par référence à un identifiant tel qu’un nom, un numéro d’identification,
des données de localisation, un identifiant en ligne, ou à un ou plusieurs
éléments spécifiques propres à son identité physique, physiologique, génétique,
psychique, économique, culturelle ou sociale.
Les données
personnelles sont donc des données concernant une personne physique identifiée
ou identifiable (une personne physique est un individu plutôt qu'une personne
morale comme une entreprise). L'information doit vous permettre d'identifier la
personne, seule ou en combinaison avec d'autres informations disponibles. Si
vous savez qui est la personne ou si elle peut déterminer qui elle est, le
règlement s'applique à ce que vous faites et vous devrez vous conformer au
GDPR. Par contre, si l'information est véritablement anonyme, c'est-à-dire que
vous ne savez pas qui est l’individu, le règlement ne s'applique pas à ce que
vous faites.
Qu’en est-il des
données déjà dans le domaine public ?
Beaucoup de
données personnelles sont dans le domaine public, telles que l'adresse ou le
numéro de téléphone. Dans cette hypothèse, le règlement est-il applicable? la
réponse est oui. En effet, le but de la réglementation sur la protection des
données est de réguler et de contrôler la façon dont les données personnelles
sont utilisées, plutôt que de seulement se préoccuper de leur sécurité. Certes,
la sécurité de ces données est un élément puissant de la législation, mais ce
n'est pas le seul. Les données du domaine public ne sont donc pas exemptées du
GDPR. Si vous diffusez ou traitez des données personnelles qui sont déjà dans le
domaine public, assurez-vous que la finalité du traitement que vous effectuez
est compatible avec la finalité initiale du traitement effectué par la source
publique.
Qu’en est-il des
données sensibles ?
Le GDPR définit
certaines informations comme des données sensibles : il s’agit d’informations
concernant l’origine raciale ou ethnique, les opinions politiques,
philosophiques ou religieuses, l’appartenance syndicale, la santé ou la vie
sexuelle. Par principe, la collecte et le traitement de ces données sont
interdits. Cependant, dans la mesure où la finalité du traitement l’exige
(attention vous ne pourrez collecter ces données que si celles-ci sont
absolument nécessaires à votre association), ne sont pas soumis à
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cette interdiction
:
● les
traitements pour lesquels la personne concernée a donné son consentement exprès
;
● les traitements justifiés par un intérêt
public après autorisation de la CNIL ou décret en Conseil d’État.
La collecte et le
traitement de ces données doivent, dans ces hypothèses, être justifiés au cas
par cas au regard des objectifs recherchés. Consultez un spécialiste sur ce
point en cas de doute.
Ci-dessous une
liste d’autres données à risque :
● données génétiques ;
● données relatives aux infractions pénales,
aux condamnations, etc. ;
● données comportant des appréciations sur
les difficultés sociales des personnes ;
● données biométriques ;
● données comprenant le numéro d’inscription
des personnes (NIR) au répertoire national d’identification des personnes
physiques (RNIPP), appelé encore numéro INSEE ou tout simplement numéro de
sécurité sociale.
Qu’en est-il des
données de santé?
Cette étude ne
touchera pas à la question du traitement des données de santé car elle concerne
très peu des associations avec lesquelles nous avons travaillé. Nous vous
invitons à contacter la CNIL ou un conseiller pour plus de détails.
Définition du
traitement
Selon l’article 4
du GDPR, le traitement se définit comme toute opération ou tout ensemble d’opérations
effectuées ou non à l’aide de procédés automatisés et appliquées à des données
ou des ensembles de données à caractère personnel telles que la collecte, l’enregistrement,
l’organisation, la structuration, la conservation, l’adaptation ou la
modification, l’extraction, la consultation, l’utilisation, la communication
par transmission, la diffusion ou toute autre forme de mise à disposition, le
rapprochement ou l’interconnexion, la limitation, l’effacement ou la
destruction.
Un traitement est
donc présent, et vous êtes donc soumis au GDPR si vous procédez à une gestion
de vos salariés ou de vos bénévoles ou de vos membres. Plus particulièrement
dans le domaine du fundraising , la gestion de vos donateurs va entraîner l’application
du GDPR. De même en est-il de l’utilisation de tout outil de fidélisation et de
prospection (envoyer votre newsletter par exemple). Le fait que votre traitement soit manuel
parce que vous n’avez pas de
système informatique n’est pas une excuse. Ce traitement est soumis aux
dispositions du règlement si ces données sont contenues ou appelées à figurer
dans un fichier.
Certains
traitements sont toutefois exclus de l’application du règlement. Aucune de ces
exceptions ne concernent les associations mais elles sont énumérées ci-dessous
:
- les traitements mis en œuvre dans le cadre
d’une activité strictement personnelle ou 11
domestique, et
donc sans lien avec une activité professionnelle ou commerciale. Les données de
votre téléphone portable par exemple.
- les traitements mis en œuvre par les
autorités compétentes à des fins de prévention et de détection des infractions
pénales, d’enquêtes et de poursuites en la matière ou d’exaction de sanctions
pénales.
- les traitements effectués dans le cadre d’une
activité qui ne relève pas du champ d’application du droit de l’Union
européenne, par exemple en matière de sécurité nationale.
- les traitements
mis en œuvre par les États membres dans le cadre de leurs activités
ayant trait à la
politique étrangère et de sécurité commune de l’Union.
Définition du
responsable de traitement
Le GDPR s’applique
et donc prévoit des obligations à la charge des organismes responsables de
traitement. Le responsable du traitement est la personne physique ou morale, l’autorité
publique, le service ou un autre organisme qui, seul ou conjointement avec d’autres,
détermine les finalités et les moyens du traitement. Le fait que votre
association sous-traite le traitement des données à un tiers ne vous exonère
pas de votre responsabilité.
Mon association
doit-elle être située en France ?
Le règlement s’applique
aux traitements de données mis en œuvre dans le cadre de l’activité d’une
association située sur le territoire de l’Union européenne, que l’entité en
question dispose de la qualité de responsable de traitement ou de
sous-traitant, et que le traitement ait lieu ou non dans l’Union européenne.
Attention, si
votre association n’est pas établie dans l’Union européenne, alors le GDPR s’appliquera
tout de même si les personnes dont les données sont traitées se trouvent sur le
territoire d’un État membre de l’Union européenne et si le traitement est lié :
- soit à une offre
de biens ou de services à destination desdites personnes concernées ;
- soit au suivi du comportement de ces
personnes dans la mesure où il s’agit d’un comportement qui a lieu au sein de l’Union
européenne.
Les principes à
respecter en matière de traitement des données à caractère personnel
Une fois établi
que le GDPR est applicable à votre entité, quels sont les principes préalables
applicables en matière de traitement des données à caractère personnel ?
Les 2 principes
sont énumérés aux article 5 et 6 du règlement :
- le premier
principe applicable aux données ;
- le deuxième principe
applicable aux traitements.
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Le premier
principe applicable aux données
Article 5 du
règlement
Les données à
caractère personnel doivent être :
a) traitées de manière licite, loyale et transparente au regard de la personne concernée
b) collectées pour
des finalités déterminées, explicites et légitimes, et ne pas être traitées
ultérieurement d'une manière incompatible avec ces finalités ;
c) adéquates, pertinentes et limitées à ce qui est nécessaire au regard des finalités pour lesquelles elles sont
traitées ;
d) exactes et, si nécessaire, tenues à jour ; toutes les mesures raisonnables doivent être prises
pour que les données à caractère personnel qui sont inexactes, eu égard aux
finalités pour lesquelles elles sont traitées, soient effacées ou rectifiées
sans tarder (exactitude) ;
e) conservées sous une forme permettant l'identification des personnes concernées pendant une durée n'excédant
pas celle nécessaire au regard des finalités pour lesquelles elles sont
traitées ;
f) traitées de façon à garantir une sécurité appropriée des données à caractère personnel.
Que doit faire mon
association ?
Pour respecter ce
premier principe, il vous faudra tenir une documentation interne complète, un
registre plus précisément, sur les données personnelles, leurs traitements, et
s’assurer que ces traitements respectent bien les nouvelles obligations
légales. Votre association devra donc réaliser un état des lieux (autrement dit
un audit). Dans ce registre, devront notamment être mentionnés :
● le nom et les coordonnées du responsable de
traitement ;
● les différents traitements de données
personnelles ;
● les catégories de données personnelles
traitées ;
● les différentes catégories de personnes
concernées ;
● les objectifs poursuivis par les opérations
de traitements de données ;
● les acteurs (internes ou externes) qui
traitent ces données (identification des sous-traitants éventuels) ;
● les flux de données en indiquant l’origine
et la destination des données, afin notamment d’identifier les éventuels
transferts de données hors de l’Union européenne ;
● les durées de conservation ;
● la description générale des mesures de
sécurité techniques et organisationnelles.
À partir de ce registre (voir plus loin pour
les cas où le registre est obligatoire plutôt que conseillé), il sera plus aisé
pour le responsable de traitement d’identifier les actions à mener en priorité
pour mettre en conformité un traitement de données personnelles.
La définition des
objectifs du traitement
Si vous ne pouvez
pas décrire le but et la raison de la collecte de données, il vous sera
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impossible de
répondre aux questions clés telles que : quelles sont les données nécessaires
(et celles superflues), combien de temps doit-on conserver ces données. Tout
dépend du but pour lequel vous traitez les données.
Ces objectifs
doivent être spécifiés, explicites et légitimes . Encore une fois, vous devez exposer
clairement et sans ambigüité vos objectifs, et vous ne pouvez pas simplement
dire
« à fins de collecte de fonds », alors que
cela pourrait couvrir une grande variété d'utilisations de données. La tâche
consistant à identifier clairement vos objectifs dès le départ est l'une des
choses les plus importantes à faire, et vous devez définir les « buts de la
collecte de fonds » en détails.
Attention, si vous
souhaitez utiliser les données dans un deuxième but, vous aurez besoin d'un
argument convaincant que ce que vous faites n'est pas en conflit avec
l'objectif initial. Si on peut dire qu'il est incompatible avec le but initial,
vous êtes en contravention avec le règlement et ne pourrez pas utiliser les
données.
Vos objectifs
peuvent prendre les formes suivantes :
a) nous voulons
maintenir une liste de personnes qui nous ont déjà fait un don afin que nous
puissions les contacter pour leur demander de le faire à nouveau ;
b) nous voulons
maintenir une liste de personnes qui nous ont explicitement dit qu'elles ne
veulent plus nous contacter ;
c) nous voulons
utiliser (a) pour rechercher la situation financière des donateurs en utilisant
des sources publiques pour déterminer quel type de communication leur faire
parvenir ;
d) nous voulons utiliser (a) pour faire des
recherches sur les antécédents financiers du donateur, et nous voulons payer
une entreprise pour faire la recherche pour nous ;
e) nous voulons
acheter des données d'un tiers pour nous assurer que (b) est à jour ;
f) nous voulons
acheter des données d'un tiers pour créer une liste de personnes qui ne font
pas partie de notre liste de donateurs actuels, afin que nous puissions les
contacter et leur demander de faire un don pour la première fois.
Le deuxième
principe applicable aux traitements
Article 6 du
règlement
1. Le traitement n'est
licite que si au moins une des conditions suivantes est remplie :
a) la personne
concernée a consenti au
traitement de ses données à
caractère personnel pour une ou plusieurs finalités spécifiques ;
b) le traitement
est nécessaire à
l'exécution d'un contrat
auquel la personne concernée est partie ou à l'exécution de mesures
précontractuelles prises à la demande de celle-ci ;
c) le traitement est nécessaire au respect d'une obligation légale à laquelle le responsable du traitement est soumis ;
d) le traitement est nécessaire à la sauvegarde des intérêts vitaux de la
personne concernée ou
d'une autre personne physique ;
e) le traitement
est nécessaire à
l'exécution d'une mission d'intérêt public ou relevant de l'exercice de l'autorité publique dont
est investi le responsable du traitement ;
f) le
traitement est nécessaire aux fins des intérêts légitimes poursuivis par le
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responsable du
traitement ou par un tiers.
Les conditions du
traitement
Ce deuxième
principe vous force à analyser si le traitement est légal. Il y a donc six
conditions pour justifier le traitement des données à caractère personnel,
figurant dans l'article 6 du GDPR. Vous devez satisfaire l'un d'eux. Attention,
si vous ne pouvez pas justifier l'une de ces conditions, vous êtes en violation
du règlement.
La plupart des ces
conditions ne s'appliqueront pas à la levée des fonds dans les associations.
● Contrats - il est peu probable qu'il y ait une sorte de contrat entre votre
association et un donateur / donateur potentiel. Attention, si un
prospect a payé pour un événement sponsorisé par votre association, vous ne
serez pas en mesure de faire du marketing juste parce que la personne a acheté
ce billet.
● Obligation légale - non applicable aux associations.
● Les intérêts vitaux - non applicable aux associations (il s'agit des
situations de vie ou de mort).
● Fonctions officielles / administration de la justice /
intérêt public - non applicable
aux associations (s'applique à l'administration de la justice).
● L’intérêt légitime - l’intérêt légitime du responsable de traitement à
mettre en œuvre le traitement prévaut-il sur l’intérêt de la personne
concernée à ce que ses données ne soient pas traitées dans le cadre dudit
traitement ? C’est un argument difficile à prouver. Dans le contexte de la
levée des fonds, peut-on faire l'évaluation de la situation financière d’une
personne concernée, son âge, sa propension à donner ? Ceci n’est probablement
pas nécessaire pour administrer un don, certainement pas pour justifier une
demande de nouveau don.
Le consentement
Le consentement
est défini à l'article 7 du règlement. Le consentement de la personne concernée
est défini comme toute manifestation de volonté, libre, spécifique, éclairée et
univoque par laquelle la personne concernée accepte, par une déclaration ou par
un acte positif clair, que des données à caractère personnel la concernant
fassent l’objet d’un traitement. Attention, si le consentement est le fondement
de votre traitement, alors votre association devra être en mesure de prouver
que la personne concernée a effectivement consenti à l’opération de traitement.
En pratique le
consentement doit être :
● librement donné - la personne concernée doit disposer d’une véritable
liberté de choix et être en mesure de refuser ou de retirer
librement son consentement sans subir de préjudice ;
● spécifique - le traitement qu'ils acceptent doit être clair -
quel marketing vont-ils recevoir ? De qui viendra-t-il ? Demander à quelqu'un
d'accepter que ses coordonnées soient partagées avec des « tiers soigneusement
sélectionnés » n'est pas suffisamment spécifique ;
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● éclairé / informé - si la personne ne comprend pas correctement comment
ses données vont être utilisées, le consentement n'est pas
valide. Vous devez préciser ce qu'ils acceptent, dans un langage qu'ils
comprennent ;
● univoque - le consentement ne doit pas être détourné pour une autre utilisation.
Le consentement et
le opt-in/opt-out
?
Attention, vous ne
pouvez pas assumer le consentement. Beaucoup d’organisations utilisent des
cases pré-cochées (et si la personne oublie de cocher, elle est supposée avoir
consenti). Cela n’est pas autorisé par le GDPR. Nous conseillons plutôt de
faire apparaître une case à cocher pour mettre la question hors de doute.
Donc a ne pas
faire :
• décochez cette
case (case pré-cochée) ;
• cochez cette case si vous ne souhaitez pas
recevoir de marketing (en particulier si le marketing est courriel ou texte) ;
• texte STOP
• en nous donnant
vos coordonnées pour [chose sans rapport], vous acceptez de recevoir des
courriels.
Le consentement
peut-il être implicite?
Non, le
consentement doit être explicite. Si un donateur a acheté un billet de tombola
ou a fait un don, il n’y a aucune implication du consentement pour le
marketing, la collecte de fonds supplémentaire ou quoi que ce soit d'autre. Le
consentement nécessite une acceptation positive.
Combien de temps
dure le consentement?
Il semble qu’il n’y
ait pas de limite de temps pour le consentement, mais il peut être raisonnable
de revoir et actualiser le consentement, s'il y a lieu. La vraie limite de la
durée du consentement est ce que vous dites à la personne concernée lors de la
collecte. Si vous donnez à l'individu l'impression qu'il consent pour une
campagne à durée limitée, son consentement prend fin lorsque la campagne est
terminée. Si vous persuadez la personne d'opter pour une relation à long terme,
le consentement dure une période de temps potentiellement plus longue. Le
facteur crucial est la possibilité de se désinscrire (voir plus loin).
Comment obtenir
les consentements explicites ?
1- Rédigez un
texte de demande de consentement. Le texte doit être clair et facilement
compréhensible pour tout le monde.
Par exemple :
« En faisant ce
don (en remplissant ce formulaire, etc.), vous acceptez que Association XYZ
mémorise et utilise vos données personnelles collectées dans ce formulaire dans
le but d’améliorer votre expérience et vos interactions avec elle. En l’occurrence,
vous autorisez
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Association XYZ à
communiquer occasionnellement avec vous si elle le juge nécessaire afin de vous
apporter des informations complémentaires sur ses projets et appels à dons via
les coordonnées collectées dans le formulaire.
Afin de protéger
la confidentialité de vos données personnelles, Association XYZ s’engage
à ne pas
divulguer, ne pas transmettre, ni partager vos données personnelles avec d’autres
entités, entreprises ou organismes, quels qu’ils soient, conformément au
Règlement Général de Protection des Données de 2018 sur la protection des
données personnelles et à notre politique de protection des données »
2- Demandez
clairement et activement le consentement sur vos formulaires.
Ajoutez une case
vide que l’utilisateur devra cocher afin de démontrer qu’il a donné son
consentement explicite.
3- Si
possible, ajoutez un mécanisme de « double opt-in » afin de pouvoir prouver le consentement explicite
de vos contacts.
Le « double Opt-in » consiste à demander une confirmation par courriel à
chaque personne concernée qui a rempli un formulaire sur votre site web. Afin
de valider leur consentement, ils devront alors cliquer sur un lien dans le
courriel de confirmation.
Que se passe-t-il
si vous n'avez pas de preuve historique du consentement ?
Nous parlons ici
du cas où une personne est dans votre base de données mais vous ne pouvez pas
être certain qu'elle a opté pour le marketing ou l’appel à dons ? Pouvez-vous
la contacter par courriel pour lui demander si elle consent toujours à recevoir
du marketing ? Ce point n’est
pas clair . Il est possible
d’envoyer un seul et unique courriel aux personnes dont
vous avez légitimement obtenu les données en disant : « Nous pensons avoir reçu
votre consentement pour vous envoyer du marketing (de nouveaux appels à dons,
etc.), pouvez-vous nous confirmer que nous avons raison ? Cependant, certains
pays, comme le Royaume-Uni, considèrent que d’envoyer un courriel pour demander
le consentement à recevoir du marketing est en lui-même un courriel de
marketing, et donc interdit.
Le problème du
profilage et de la recherche dans le fundraising
Il est très
courant pour les associations de faire des recherches sur des personnes qui,
par exemple, ont déjà fait un don. L'idée étant qu’une fois ces donateurs
sélectionnés et classifiés, il est possible de créer des campagnes d’appel à
dons plus ciblées et donc plus efficaces. Ce profilage est-il autorisé par le
Règlement Européen sur la Protection des Données (RGPD ou GDPR) ?
Qu'est-ce que le profiling ou le profilage ?
Le RGDP ou GDPR
définit à l’article 4 le profilage comme « toute forme de traitement automatisé
de données à caractère personnel consistant à utiliser ces données à caractère
personnel pour évaluer certains aspects personnels relatifs à une personne
physique, notamment pour analyser ou prédire des éléments concernant le
rendement au travail, la
17
situation
économique, la santé, les préférences personnelles, les intérêts, la fiabilité,
le comportement, la localisation ou les déplacements de cette personne
physique».
Le profilage, ou profiling en anglais, est très courant surtout dans les pays
anglo-saxons. Il est généralement utilisé par des sociétés qui analysent le «
profil de consommation » de chaque client ou prospect, avant de décider d’une
stratégie de marketing. Grâce à ce profilage, la société est à même d’adapter
sa communication et donc de bâtir la meilleure offre commerciale.
Le problème du
profilage et de la recherche dans le fundraising
Le profilage a
rapidement été adopté par les associations cherchant à établir une image plus
complète de leurs donateurs, elles aussi, pour rendre leur communication et
donc leurs appels à dons plus efficaces.
Le profilage
est-il autorisé par le RGDP ou GDPR ?
Il est important
de souligner que le RGPD n’impose pas d’interdiction généralisée sur le
profilage et la prise de décision automatisée. Le RGPD indique ainsi qu’un
traitement de ce type doit être assorti de garanties appropriées, qui devraient
comprendre une information spécifique de la personne concernée (donc il faut
informer les donateurs de ce profilage) ainsi que le droit d’obtenir une
intervention humaine (article 22), d’exprimer son point de vue, d’obtenir une
explication quant à la décision prise à l’issue de ce type d’évaluation et de
contester la décision.
Mon association
est-elle concernée ?
Potentiellement
oui. Cela dépend des pratiques de fundraising de votre association. Pour une clarification des
pratiques autorisées, il est intéressant de regarder la situation au
Royaume-Uni ou l’association British Heart Foundation s’est vue infliger une amende de 18 000 GBP pour
avoir enfreint la loi sur la protection des données. L’association avait ciblé
de nouveaux donneurs pour ses campagnes d’appel à dons en rassemblant des
renseignements personnels obtenus de sources publiques et en échangeant des
renseignements personnels avec d'autres associations afin de créer une base de
données de donateurs. Le régulateur anglais a déclaré que les donateurs
n'étaient pas informés de ces pratiques et étaient donc incapables de donner
leur consentement (ou d'objecter).
Le régulateur
anglais, appelé l’ Office of the Information Commissioner(OIC) affirme dans son
blog qu'il reconnaît que le profilage peut être « un outil puissant pour les
organismes caritatifs et peut bénéficier aux individus, à l'économie et à la
société en général ». Cependant, l’OIC souligne le fait que le profilage peut
aussi parfois avoir « des effets significatifs et préjudiciables sur les
personnes ».
Que doit faire mon
fundraiser
?
L'OIC a récemment
publié un document sur le profilage qui peut être utilisé aussi pour les
associations (nous n’avons pas trouvé un tel document pour la CNIL, mais l’avis
d’un autre régulateur soumis au RGPD peut être intéressant). Le point essentiel
pour les associations et les fundraisers est d’examiner quelle sera leur base juridique pour le traitement
dans
18
le contexte
du profilage , et
documenter cela conformément aux exigences du RGPD.
En tant que fundraiser , vous pouvez vous baser sur le consentement comme fondement juridique du profilage de vos
donateurs. Rappelez-vous que ce consentement doit être donné librement, qu’il
doit être spécifique, renseigné et sans ambiguïté. Donc, vos mentions légales
et votre politique de confidentialité doit être claire sur le profilage.
D'autres bases
légales que votre association peut utiliser pour le profilage incluent le
traitement étant :
● nécessaire à l'exécution d'un contrat ; ou
● nécessaires aux fins des intérêts légitimes
poursuivis par votre association.
Cependant, vous
devrez être en mesure de démontrer que le profilage est nécessaire pour
atteindre cet objectif plutôt que simplement utile. Il sera bien plus difficile
de prouver que le profilage est nécessaire (car en réalité il est plutôt utile
pour vous), et il est probablement sage de se baser sur le consentement des
donateurs et donc de leur information.
Il est intéressant
de noter que l’ « Institute of Fundraising », a publié sur son site Web une réponse à cette
étude, et indique que la grande majorité des associations utilisent des données
publiques pour effectuer le profilage afin d'identifier de nouveaux donateurs
potentiels et pour s'assurer que leurs communications avec les donateurs
existants sont adaptées. Selon l’IoF, cela implique une intervention humaine
plutôt que des « processus automatisés », du GDPR, et donc devrait bénéficier d’un
traitement différent.
Que doit faire mon
association ?
Vos mentions
légales sur la confidentialité des données doit contenir des références claires
sur les points suivants :
• partage de données avec une autre
organisation (que les données soient vendues ou échangées gratuitement) ;
• recherche, indépendamment du fait que les
données proviennent du domaine public ou d'une source accessible au public. Par
recherche, on entend essayer de trouver des informations sur la situation
financière d'une personne, ses biens, ses dons antérieurs ou sa propension à
donner ;
• tout autre
profilage, recherche ou sélection, qui peut inclure l'âge, les intérêts, la
santé, ou des évaluations éthiques ou similaires ;
• acquérir des
données de tiers - cela inclut les détails des donateurs potentiels,
l'acquisition de données pour étayer les dossiers de donneurs existants ou
potentiels.
Doit-on tenir un
registre des traitements ?
L’une des
nouvelles obligations phares du règlement est la tenue d’un registre des
activités de traitement ( art. 30 GDPR
). Cette obligation s’applique-t-elle aux associations?
Qu’est ce qu’un
registre ?
Un registre n’est
autre qu’un fichier qui comporte toutes les informations importantes pour
19
prouver le respect
du GDPR. Ainsi, ce dernier comporte (voir Article 30 pour plus de détails :
nous présentons
ici un résumé de cet article) :
a) le nom et les
coordonnées du responsable du traitement ;
b) les finalités
du traitement ;
c) une description
des catégories de personnes concernées et des catégories de données à caractère
personnel ;
d) les catégories
de destinataires auxquels les données à caractère personnel ont été ou seront
communiquées ;
e) les délais
prévus pour l’effacement des différentes catégories de données ;
f) une description
générale des mesures de sécurité techniques et organisationnelles. Et toute
information en ce qui concerne les sous-traitants.
A qui s’applique l’obligation
de tenir un registre des activités de traitement ?
Cette obligation
ne s’applique qu’aux organismes de 250 employés et plus.
Mon association
est-elle obligée de tenir un registre des activités de traitement ?
Probablement pas,
mais attention, le fait que vous ayez moins 250 salariés ne signifie pas
forcément une totale exonération. En effet, les organismes qui effectuent des
traitements sensibles de façon non occasionnelle ou qui concernent certaines
catégories de personnes ou des données relatives à des condamnations pénales et
à des infractions doivent aussi se plier à l’exercice. Probablement, votre
association n’est donc pas concernée. Mais elle peut, si elle le désire et pour
des raisons de clarté, tenir ce registre.
Exemple de
registre de la CNIL
Tenir un tel
registre peut vous permettre de cartographier vos données et de vous assurer
que vous êtes en conformité avec le règlement. Vous pouvez cliquer sur le modele-de-registre-GDPR
ou le télécharger directement du site de la CNIL
.
Données
personnelles sensibles (catégories spéciales GDPR)
Une complication
supplémentaire survient si vous utilisez des données personnelles définies
comme sensibles ou spéciales. Les catégories de données sensibles sont
l'origine raciale ou ethnique, les opinions politiques, les croyances
religieuses ou d'autres croyances de même nature, l'appartenance à un syndicat,
la santé ou la condition physique ou mentale ; la vie sexuelle, la commission ou
la prétendue commission par la personne concernée de toute infraction ; ou
toute procédure pour une infraction en cours. Si vous souhaitez utiliser des
données sensibles dans le cadre de votre campagne de levée de fonds, vous
devrez respecter les conditions supplémentaires à l'article 9 du GDPR.
Mon association
peut elle « acheter » une liste de donateurs ?
Oui mais il y a un
risque. Une société qui partage ou vend des données est un traiteur de données,
et vous en devenez le traiteur une fois que vous les achetez. Vous ne pouvez
pas invoquer l'innocence ou l'ignorance s'il s'avère que les données ont été
volées ou que le fournisseur a déformé les objectifs pour lesquels il a été
obtenu. Même si le fournisseur vous ment (« opt-in » et « pleinement accepté » sont deux mensonges à
surveiller), une fois que
20
vous traitez les
données, vous êtes responsable de ce traitement. Si le vendeur vous a dit que
les sujets ont consenti et que cela s'avère être un mensonge, si vous n'avez
pas obtenu la preuve du consentement avant d'avoir acheté les données, vous
pouvez être sanctionné.
Gardez une liste
de personnes qui ne donnent pas leur consentement
Gardez la liste de
toutes les personnes qui vous ont dit qu'elles ne veulent pas être contactées
par votre organisation.
Les droits des
personnes concernées
Le GDPR donne aux
personnes concernées plusieurs droit que vous devrez respecter :
Droit à l’information
(Art 13 et 14)
On a parlé un peu
de ce droit plus haut. En tant que fundraiser , si vous collectez des données auprès d’une personne
physique (après un don par exemple), vous devrez lui communiquer : la/les
finalités du traitement et les droits dont elle dispose. Il est important que
la politique de confidentialité de votre association et celle relative à la
protection des données soient facilement accessibles et mises à jour. Mettez un
lien vers ces informations
à chaque fois que
des données sont recueillies, à partir de formulaires d’inscription en ligne ou
de don en ligne par exemple.
Droit d’accès
Droit d’accès (Art
15) : la personne concernée a le droit d'obtenir de votre association la
confirmation que des données à caractère personnel la concernant sont ou ne
sont pas traitées et, lorsqu'elles le sont, l'accès auxdites données à caractère
personnel ainsi que certaines informations (telles que les finalités du
traitement ; les catégories de données à caractère personnel concernées ; les
destinataires auxquels les données à caractère personnel ont été ou seront
communiquées, etc.). Formez vos volontaires à ce que ce genre de demandes
soient considérées comme urgentes. Répondez dans un délai raisonnable et garder
tout trace de communication.
Droit de
rectification
Droit de
rectification (Art 16) : la personne concernée a le droit d’obtenir, dans les
meilleurs délais, que les données inexactes soient rectifiées, et que les
données incomplètes soient complétées.
Droit à l’effacement
Droit à l’effacement
(Art 17) : la personne concernée a le droit d’obtenir, dans les meilleurs délais,
l’effacement de ses données, lorsqu’elle a retiré son consentement au
traitement, lorsqu’elle s’y oppose, lorsque les données ne sont plus
nécessaires au regard des finalités du traitement, lorsqu’elles ont fait l’objet
d’un traitement illicite, ou lorsqu’elles doivent être effacées en vertu d’une
obligation légale, sauf dans certains cas. Si votre association a rendu
publiques les données, vous devrez informer les autres responsables du
traitement
21
qui les traitent
qu’il faille effacer ces données ainsi que toutes reproductions de celles-ci.
Droit à la
limitation du traitement
Droit à la
limitation du traitement (Art 18) : la personne concernée a le droit d’obtenir
la limitation du traitement lorsqu’elle s’y est opposée, lorsqu’elle conteste l’exactitude
des données, lorsque leur traitement est illicite, ou lorsqu’elle en a besoin
pour la constatation, l’exercice ou la défense de ses droits en justice.
Droit à la
portabilité
Droit à la
portabilité (Art 20) : lorsque le traitement est fondé sur le consentement ou
sur un contrat, et effectué à l’aide de procédés automatisés, la personne
concernée a le droit de recevoir les données dans un format structuré,
couramment utilisé, lisible par machine et interopérable, et de les transmettre
à un autre responsable du traitement sans que le responsable du traitement
initial y fasse obstacle.
Droit d’opposition
Droit d’opposition
(Art 21) : la personne concernée a le droit de s’opposer à tout moment au
traitement des données, lorsque celui-ci est nécessaire à l’exécution d’une
mission d’intérêt public ou aux fins des intérêts légitimes du responsable du
traitement. Elle peut également s’opposer au traitement fait à des fins de
prospection. Votre newsletter doit par exemple permettre de se désinscrire.
4- 6 conseils pour
se préparer
1- Désignez un
responsable de la conformité au règlement européen GDPR
Première étape
essentielle, désignez au sein de votre organisation la personne qui sera
responsable de mettre en place les mesures de conformité. Cette personne est à
distinguer d’un délégué à la protection des données dont la désignation est
obligatoire en 2018 dans trois cas limités.
Faut-il désigner
un délégué à la protection des données (DPO) ?
Le délégué à la
protection des données est au cœur du nouveau règlement européen. Le règlement européen sur la protection des données pose
les règles applicables à la désignation, à la fonction et aux missions du DPO,
sous peine de sanctions.
Qui est le DPO?
Le délégué à la
protection des données est une évolution du « correspondant informatique et
libertés (CIL) ». Le délégué est la personne qui a pour mission de veiller à ce
qu‘un organisme protège convenablement les données à caractère personnel des
individus, conformément à la législation en vigueur.
22
Fonctions du DPO
Le DPO aura pour
mission de conseiller votre association et ses salariés sur les règles
applicables. Notamment, il sera là pour contrôler le respect du règlement et
pour coopérer avec la CNIL.
Mon association
doit-elle désigner un délégué à la protection des données ?
Selon le
règlement, un DPO doit être désigné lorsque :
- les activités de
base de votre association consistent en des opérations de traitement qui, du
fait de leur nature, de leur portée et/ou de leurs finalités, exigent un suivi
régulier et systématique à grande échelle des personnes concernées ;
- les activités de
base de votre association consistent en un traitement à grande échelle de
catégories particulières de données dites « sensibles » ou relatives à des
condamnations pénales et infractions.
A l’exclusion de
ces deux cas bien précis et particuliers, votre association n’aura pas l’obligation
de nommer un délégué à la protection des données. Par contre, il est conseillé
de désigner au sein de votre organisation une personne qui pourra être responsable
de s’informer des obligations auxquelles votre association est potentiellement
assujettie, de contrôler le respect du règlement et d’informer votre organe de
direction des possibles changements à faire.
2- Effectuez un
état des lieux des données récoltées par votre association
Afin de comprendre
l’impact de la nouvelle réglementation, vous devrez analyser :
1- les données
personnelles que vous récoltez. Les données personnelles sont définies par le
règlement comme : « toute information se rapportant à une personne physique
identifiée ou identifiable (ci-après dénommée « personne concernée ») ; est
réputée être une
« personne
physique identifiable », une personne physique qui peut être identifiée,
directement ou indirectement, notamment par référence à un identifiant, tel qu’un
nom, un numéro d’identification, des données de localisation, un identifiant en
ligne, ou à un ou plusieurs éléments spécifiques propres à son identité
physique, physiologique, génétique, psychique, économique, culturelle ou
sociale ». Si vous êtes une association, vous collectez probablement des
données personnelles telles que le nom, l’adresse, l’âge (pour les clubs
sportifs), etc. ;
2- ce que vous
faites de ces données personnelles (quel « traitement » au sens du règlement
faites-vous ?) ;
3- vos objectifs
poursuivis par les opérations de traitements de données (connaître vos membres,
mieux les servir ? leur offrir des cours par tranche d’âge ?) ;
4- vos systèmes :
si vous possédez un système existant, vérifiez que votre fournisseur actuel
maîtrise GDPR et ses implications. Où les données sont elles stockées ? Qui y a
accès ? Quelle est la sécurité ? Etc. Si vous pensez acheter un nouveau
système,
23
assurez-vous que
le fournisseur soit alerté de cette réglementation ;
5- où vont vos
données ? : attention à d’éventuels transferts de données hors de l’Union
européenne.
3- Une fois un
état des lieux effectué, établissez les actions à mener pour être en conformité
avec le règlement européen GDPR
Assurez-vous d’établir
un calendrier stricte puisque le GDPR ou RGPD sera applicable à partir du 25
mai 2018. Les actions suivantes peuvent être prises quelles que soient les
conclusions de votre analyse :
1- Une fois que
vous avez déterminé quelles sont les données personnelles que vous devez
collecter pour faire fonctionner votre association, évitez de collectez les
informations superflues. Si votre objectif est de recenser vos membres,
collectez des données nécessaires et évitez celles peu nécessaires et sensibles
telles que données de santé, données relatives aux origines raciales ou
ethniques.
2- Rédigez vos
mentions légales pour vous assurer qu’elles adhèrent à la nouvelle
réglementation. Celles-ci devront comporter un certain nombre d’informations
que vous pouvez retrouver dans les articles 12, 13 et 14 du règlement .
3- Assurez-vous de
l’obtention du consentement explicite de vos membres ou adhérents et qu’ils
comprennent pourquoi ces données sont collectées. Concrètement, votre contrat d’adhésion
devra comporter des mentions relatives aux données personnelles. Même votre
formulaire de contact en ligne devra comporter des mentions (renvoi vers les
mentions légales par exemple). Attention, vous devrez être en mesure de prouver
le recueil de ce consentement le cas échéant (en cas de contrôle de la CNIL).
4- Rappelez-vous
que vos membres peuvent retirer leur consentement à tout moment dès qu’ils le
demandent. Donc, votre système de gestion devra permettre la modification ou la
possibilité d’effacer les données si cela vous est demandé.
5- Si vous
possédez un système existant, vérifiez que votre fournisseur actuel maîtrise
GDPR et ses implications.
6- Assurez-vous de
la sécurité des données. Ou sont-elles stockées ? par qui ? qui y a accès ?
4- Pour les
grandes associations : réalisez une analyse d’impact sur la protection des
données
La CNIL peut vous
donner de nombreuses informations sur ce type d’analyse qui est une pratique
recommandée pour s’assurer que votre traitement est conforme au RGPD et
24
5- Informez vos
employés / volontaires
Assurez-vous que
tout le monde dans votre association est sensibilisé à cette réglementation.
Pour nombre d’associations, la collecte de données se fera via un système
informatique. Votre système devra vous permettre de recueillir le consentement
et de garder les informations de façon sécurisée. Pour les associations qui
utilisent du papier, les devoirs d’information sont les mêmes et le
consentement doit être similairement éclairé et recueilli par votre organisme.
6- Conservez les
documents nécessaires
Étape évidente
mais parfois négligée : conservez tous les documents qui prouvent que vous êtes
en conformité avec le règlement. Gardez la preuve des consentements recueillis
(soit sous forme papier soit dans votre système informatique). Documentez les
règles internes que vous avez mises en place en cas de violation du règlement.
4- Que dois-je
faire si mon association a commis une violation ?
Quelle sécurité
devez-vous assurer ?
Selon l’article 32
du RGPD, votre association doit mettre en œuvre des mesures techniques et
organisationnelles appropriées afin de garantir un niveau de sécurité adapté au
risque, y compris, entre autres et selon les besoins :
a) la
pseudonymisation et le chiffrement des données à caractère personnel ;
b) des moyens permettant de garantir la
confidentialité, l'intégrité, la disponibilité et la résilience constantes des
systèmes et des services de traitement ;
c) des moyens
permettant de rétablir la disponibilité des données à caractère personnel et
l'accès à celles-ci dans des délais appropriés en cas d'incident physique ou
technique ;
d) une procédure visant à tester, à analyser et
à évaluer régulièrement l'efficacité des mesures techniques et
organisationnelles pour assurer la sécurité du traitement.
Assurez-vous que
votre système actuel ou le système de gestion des données que vous entendez
utiliser est suffisamment sécurisé. Un bon CRM est probablement recommandé.
Qu’entend-on par
violation de données à caractère personnel ?
L’article 4 du
RGPD définit la violation de données à caractère personnel comme une violation
de la sécurité entraînant, de manière accidentelle ou illicite, la destruction,
la perte,
25
l'altération, la
divulgation non autorisée de données à caractère personnel transmises,
conservées ou traitées d'une autre manière, ou l'accès non autorisé à de telles
données.
Votre association
peut donc se trouver dans un des 3 scénarios suivants :
● violations de confidentialité : c’est le
cas où il y a eu divulgation des données avec un accès à des données
personnelles accidentelle ou non-autorisée ;
● violations de disponibilité : c’est à dire
en cas de perte ou de destruction de données personnelles accidentelle ou
non-autorisée ;
● violations d’intégrité : c’est à dire en
cas d’altération ou de modification de données personnelles accidentelle ou
non-autorisée.
Que faire en cas
de violations des données de votre association ?
Premièrement, ne
pas paniquer. Alertez immédiatement les responsables de votre association.
Assurez-vous de mettre en place immédiatement des mesures pour minimiser
l'impact de la violation. Vous devrez ensuite notifier l'autorité responsable
et parfois les personnes concernées.
Quand faut-il
notifier ? quelles sont les hypothèses où une violation n’aura pas à être
notifiée ?
Le règlement
prévoit qu’en cas de violation, vous devrez notifier celle-ci à la CNIL dans
les meilleurs délais et, si possible, 72 heures au plus tard après en avoir
pris connaissance de la violation. Attention, si vous dépassez le délai de 72
heures, votre notification devra être accompagnée des motifs du retard.
Cependant, la violation n'a pas à être notifiée si celle-ci n’est pas
susceptible d'engendrer un risque pour les droits et libertés des personnes
physiques.
Votre notification
doit comporter les éléments décrits ci-dessous. S‘il vous est impossible de
fournir toutes les informations en même temps, ces informations peuvent être
communiquées de manière échelonnée.
a) décrire la
nature de la violation de données à caractère personnel y compris, si possible,
les catégories et le nombre approximatif de personnes concernées par la
violation et les catégories et le nombre approximatif d'enregistrements de
données à caractère personnel concernés ;
b) communiquer le
nom et les coordonnées du délégué à la protection des données ou d'un autre
point de contact auprès duquel des informations supplémentaires peuvent être
obtenues ;
c) décrire les
conséquences probables de la violation de données à caractère personnel ;
d) décrire les
mesures prises, ou que le responsable du traitement propose de prendre, pour
remédier à la violation de données à caractère personnel, y compris, le cas
échéant, les mesures pour en atténuer les éventuelles conséquences négatives.
26
Mon association
doit-elle communiquer cette violation a ses membres ou donateurs concernés ?
Potentiellement, oui. Indépendamment de votre
obligation légale, vous devrez évaluer votre risque de réputation et décider si
vous voulez communiquer à vos contacts ou donateurs que leurs données ont été
accidentellement dévoilées.
Le règlement prévoit que lorsqu'une violation
de données est susceptible d'engendrer un risque élevé pour les droits et
libertés d'une personne physique, votre association devra en général
communiquer ladite violation à la personne concernée dans les meilleurs délais
(il existe quelques exceptions notamment si votre association avait pris des
mesures pour rendre les informations incompréhensibles pour toute personne qui
n'est pas autorisée à y avoir accès, telles que le chiffrement). Vous devrez
décrire clairement la nature de la violation et les mesures prises pour y
remédier.
CONCLUSION
Nous espérons que ce guide pourra aider les
associations. Nous aidons les associations à mieux se gérer en utilisant les
nouvelles technologies. Nous ne sommes donc pas des professionnels juridiques.
À ce titre, en cas de doute, il est toujours recommandé de consulter son
conseiller juridique.
Si vous avez remarqué une erreur ou une
correction à apporter, merci de nous aider à améliorer ce document en adressant
un courriel ( contact@verticalsoft.com ).
27
ATTENTION :
RESPONSABILITÉ DE L’ÉDITEUR
L’éditeur met à
disposition des lecteurs un contenu informatif gratuit et s’assure en
permanence de mettre les moyens à sa disposition pour s’assurer de la qualité
du contenu. Ce document traite de l’environnement légal et réglementaire. Nous
avons vérifié nos sources et citons d’une manière générale les textes du
règlement sur lesquels nous nous appuyons. Toutefois, il est de la responsabilité des lecteurs de
s’assurer que les textes et régimes mentionnés dans les articles sont toujours
bien en vigueur.
Par ailleurs,
aucune information dans ce document ne peut être considérée par les lecteurs
comme un conseil, une consultation ou une recommandation ; l’auteur n’étant pas
habilité à fournir des consultations juridiques. Les lecteurs s’engagent donc
à utiliser ces informations sous leur entière
responsabilité et ne pourront pas tenir pour responsable l’éditeur du document
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